Dimitri Ozerkov, 46 ans, quitte l’Ermitage, où il était conservateur. Il a annoncé sur Instagram son départ de l’institution de Saint-Pétersbourg. Ce très bon connaisseur de la France et francophone était depuis 1998 à la fois conservateur senior des gravures françaises du XVe au XVIIIe siècles, et, depuis 2007, directeur du département d’art contemporain du musée.
« J’ai décidé de partir après que la guerre a débuté, explique-t-il sur son compte Instagram. La décision finale a été prise à la suite de la diffusion de l’entretien avec le directeur général de l’Ermitage ». Ce dernier, Mikhaïl Piotrovski, après avoir pris ses distances avec la guerre, a, le 26 mars 2022, vraisemblablement sous pression politique, tourné casaque et soutenu le conflit en Ukraine de manière sibylline. « Depuis mars, je n’ai plus participé aux activités du musée », précise Dimitri Ozerkov, qui s’est progressivement désengagé de ses différentes tâches. Et d’ajouter : « je pars car je n’ai pas l’intention d’avoir quoi que ce soit en commun avec la Russie d’aujourd’hui », poursuit-il toujours sur Instagram.
Le conservateur évoque ensuite l’esprit avec lequel, en 2006, fut lancé le département d’art contemporain, « en dialogue et respect mutuel pour les [autres] langues et pays, nationalités et religions, pour l’histoire comme la modernité ».
Dimitri Ozerkov a été le commissaire d’une quarantaine d’expositions consacrées entre autres à Jan Fabre, Anselm Kiefer, Ilya & Emilia Kabakov, Jake et Dinos Chapman, Wim Delvoye, Henry Moore, ou encore, en 2014, Marlene Dumas en dialogue avec des œuvres de Boris Mikhailov dans le cadre de la Biennale européenne nomade d’art contemporain Manifesta… Il a également été responsable à deux reprises, en 2011 et en 2015, des projets de l’Ermitage pour la Biennale de Venise. Il a annoncé avoir choisi « l’Exode » et donc avoir quitté la Russie.
Le 30 septembre 2022, dans un article intitulé Cent ans après la révolution bolchevique, le nouvel exode russe, le quotidien français Le Monde déclarait que « des dizaines de milliers de Russes issus de la classe moyenne éduquée ont fui leur pays ».