Frieze Seoul ne sera pas seulement un test pour la scène artistique de la capitale sud-coréenne, mais aussi pour tous les marchands qui vont participer à la foire qui s’y déroule pour la première fois. Et si le marché de l’art coréen est en plein essor et remarquablement mature, il comporte également un certain nombre de facettes uniques et moins connues. Voici quatre éléments à connaître.
Une fiscalité qui peut être lourde
La Corée du Sud ne soumet pas à la TVA les œuvres d’artistes vivants d’une valeur inférieure à 60 millions de wons coréens (45 000 euros), ce qui a été un facteur déterminant pour les ventes. Mais cette exemption ne s’applique pas aux photographies, aux éditions et aux multiples (et à tout ce qui peut être considéré comme facilement reproductible ou distinct d’une œuvre d’art unique).
Si la TVA de 10 % prélevée sur les photographies, etc. n’est pas très élevée, elle complique néanmoins les transactions pour les vendeurs étrangers. En effet, les marchands qui importent et vendent ensuite des biens imposables dans le pays doivent disposer d’un numéro d’entreprise coréen ou d’un agent local qui peut payer la taxe en leur nom (moyennant des frais). S’ils ne choisissent pas l’une de ces options, ils peuvent payer directement la taxe à l’importation. Mais si l’œuvre est vendue, ils devront l’exporter puis la réimporter, ce qui entraînera des frais d’expédition supplémentaires.
Attention à faire toute la lumière
Concernant les œuvres comprenant des LED ou d’autres lumières électriques, les douanes coréennes les classent dans la catégorie des « équipements d’éclairage » plutôt que dans celle des œuvres d’art, et sur lesquelles elles prélèvent une lourde taxe à l’importation de 30 % sur leur valeur, frais d’expédition compris.
C’est ce qui est arrivé l’année dernière lorsque la Pace Gallery a importé des créations de James Turrell de Los Angeles à Séoul. Bien que la galerie refuse de divulguer le prix de ces pièces, les œuvres lumineuses de James Turrell peuvent se vendre aux enchères jusqu’à 2 millions de dollars, ce qui signifie que ces taxes pourraient facilement atteindre un montant à six chiffres. Selon un porte-parole de Pace, la galerie a finalement réussi à convaincre les douanes de classer ces pièces comme des œuvres d’art.
Les taxations sur l’immobilier et les cryptomonnaies stimulent les ventes d’œuvres d'art
Pour freiner la surchauffe du marché de l’immobilier, le gouvernement coréen a renforcé l’an dernier la réglementation sur les prêts immobiliers et a augmenté la taxation des plus-values sur les biens immobiliers. Des taxes sur les plus-values ont été introduites sur les cryptomonnaies cette année et frapperont les transactions boursières à partir de l’année prochaine. Toutes ces mesures incitent les riches coréens – en particulier les moins de 50 ans qui investissent rapidement leur fortune dans l’immobilier plutôt que de la conserver – à chercher plutôt à acquérir des œuvres d’art.
Une concurrence féroce de la part des maisons de ventes aux enchères
Les galeristes de Séoul sont confrontés à une concurrence de plus en plus rude, non seulement de la part de leurs collègues marchands, mais aussi de la part des maisons de ventes aux enchères, en particulier le duopole formé par K Auction et Seoul Auction. Ces deux maisons vendent des œuvres du premier marché de jeunes artistes à un niveau bien supérieur à celui de leurs homologues occidentaux, ce qui a engendré beaucoup d’animosité entre les deux secteurs. L’Association des galeries de Corée, qui organise la foire Kiaf (2 au 6 septembre), affirme que les deux maisons de ventes aux enchères ont violé un accord conclu en 2007, qui stipule que ni l’une ni l’autre ne peut organiser plus de quatre « ventes aux enchères majeures » par an, ni vendre des œuvres créées il y a moins de trois ans, ni acheter des pièces pour les revendre ensuite.