Intitulée « Le Songe d’Ulysse », cette exposition s’inscrit dans la continuité des précédentes, « La Source » et « La Mer imaginaire », sur un même thème sous-marin, emmenant les visiteurs sous la surface, dans ces limbes oniriques où le héros grec de la guerre de Troie – la légende raconte qu’il aurait accosté sur ces rivages – terrassa l’Alycastre.
Le monstre envoyé par Poséidon, imposante sculpture de Miquel Barceló (2018), trône à l’entrée de la villa. « Pour donner forme à cette odyssée, la rencontre avec Francesco Stocchi fut déterminante, explique Charles Carmignac, le directeur de la Fondation. Habile pour manier des collections comme celles du Museum Boijmans van Beuningen, à Rotterdam, dont il est conservateur, ou pour naviguer entre l’antique et le contemporain, il nous est apparu, avec son sens du jeu et de l’aventure, parfaitement taillé pour la mission. »
Un dédale d'œuvres
Le commissaire d’exposition italien a transformé les espaces en un labyrinthe, dont la conception a été confiée à sa compatriote, la scénographe Margherita Palli. La sélection qu’il a opérée parmi la collection est complétée par des prêts internationaux et des productions. Prélude au dialogue entre quelque soixante-dix œuvres, l’hommage fort à propos de Martial Raysse à Pénélope (Faire et défaire Pénélope that’s the rule, 1966) ouvre la voie vers l’installation, toutes voiles dehors, de Jorge Peris, sous les reflets aquatiques du puits de lumière central.
Au fil de ce dédale, Willem de Kooning voisine avec Jean-Michel Basquiat, Roy Lichtenstein, Cindy Sherman, Carol Rama, Niki de Saint Phalle, Louise Bourgeois, Rashid Johnson, Alessandro Piangiamore, Jenny Holzer, John Baldessari, Camille Henrot, Thomas Houseago, Günther Uecker, Richard Prince, Cyprien Gaillard, Odilon Redon, Keith Haring, Andy Warhol, Gerhard Richter – impossible de tous les citer... et un combat de dragon de Willem van Konijnenburg (Natura Integra, 1910- 1912). Après une superbe séquence consacrée à William Kentridge, le parcours se clôt comme il a débuté, par une composition de Martial Raysse nommée Ulysses, Why do you come so late poor fool ? [Ulysse, pourquoi arrives-tu si tard, pauvre fou ?] (1966).
Le voyage se poursuit dans les jardins, où l’on croise le monumental bison baroque d’Adrián Villar Rojas – The Most Beautiful of all Mothers (XII) (The Bison) –, de 2015, et où Olafur Eliasson, du côté du pavillon, sculpte des jets d’eau au rythme de lumières stroboscopiques : Object Defined by Activity (Now and Then) (2009).
L’artiste argentin Leandro Erlich a, quant à lui, été invité à exposer un Nuage flottant dans la salle voûtée du fort Sainte-Agathe, érigé au XVIe siècle, qui surplombe le port. L’installation est accompagnée d’une création musicale du groupe Moriarty, dont l’un des membres n’est autre que Charles Carmignac. De la terrasse, le regard embrasse les paysages de l’île et la rade d’Hyères.
« Le Songe d’Ulysse », jusqu'au 16 octobre 2022, Villa Carmignac, île de Porquerolles.