À Nice, la Biennale des arts s’empare cette année du thème des « Fleurs ! », qui éclôt dans de nombreux lieux, un peu partout en ville. Au 109, les commissaires ont composé un bouquet aussi fourni (quelque 120 œuvres de 42 artistes, tant des jeunes talents que des figures établies) qu’éclectique. « Les fleurs sont un sujet faussement candide. C’était habile de la part de Jean-Jacques Aillagon [commissaire général de la Biennale, NDLR] de le proposer car il offre une base ouverte à tous les possibles et permet à chacun de s’en emparer avec une grande liberté », explique Marie Maertens, co-commissaire de « Power Flower » avec Cédric Teisseire.
L’exposition s’ouvre, au centre de l’immense nef, par une évocation de la sensualité, avec entre autres un nez imposant et presque inquisiteur de Loup Sarion, invitation à humer ce qui va suivre. Sur la gauche, une vaste section s’empare de plusieurs thèmes dans l’air du temps, tel l’environnement. L’Italien Piero Gilardi, cofondateur de l’arte povera, qui a abordé ce thème dès les années 1960, est présent ici avec de récents vrais-faux tapis-nature en mousse artificielle. Ad Minoliti, dans un grand wall-painting – l’une des œuvres conçues pour l’exposition – dresse une cartographie des territoires argentins, critique de la politique environnementale de son pays. Autre critique voisine : celle du Brésilien Caio Reisewitz, dont les photomontages traduisent le grignotage de la nature par les mégapoles bétonnées. Moffat Takadiwa, du Zimbabwe, procède par recyclage de déchets métamorphosés en guirlandes de fleurs. La section prend une couleur plus engagée encore, plus politique avec le travail de Michèle Magema, originaire du Congo, qui interroge le territoire mais aussi celui de Daniele Otero-Torres autour du datura, plante colombienne aux mystérieuses propriétés psychotiques, et qui questionne aussi plus loin l’indépendance du Brésil…
L’autre grande section de l’exposition, quant à elle, embrasse le rapport à la peau et au corps, à l’organique, à travers des œuvres « parfois ambiguës », souligne Marie Maertens. Fleurs polinisatrices érectiles, dessins érotiques de Camille Henrot… Eros et Thanatos voisinent et conversent au fil du parcours, à l’instar d’une sculpture en céramique de Johan Creten évoquant tant un nid de fleurs qu’un berceau ou un tombeau. Srijon Chowdhury associe astucieusement fleur et flamme, unies dans l’éphémère. Ce qu’évoque aussi Morgane Courtois avec l’installation Fin de soirée où trônent des fleurs défraîchies et bientôt sèches. Une métaphore certes attendue mais qui trouve ici une nouvelle vie, loin d’être épuisée…
« Power Flower », jusqu’au 3 septembre, Le 109, 89, route de Turin, 06300 Nice. Dans le cadre de la Biennale des arts de Nice « Fleurs ! ».