Avec la Brafa à Bruxelles, elle avait été la moins chanceuse des foires. Quelques semaines après son homologue belge, la Tefaf, à Maastricht, avait été, en 2020, la dernière grande foire d’art et d’antiquités à avoir lieu, avant que la vague de Covid-19 ne déferle sur l’Europe. Son maintien coûte que coûte, dans un contexte de plus en plus menaçant, avait été loin de faire l’unanimité, et la manifestation avait dû être écourtée. Après deux ans d’absence, elle fait son retour dans la cité néerlandaise. Toutefois, dans un calendrier international du marché de l’art toujours chamboulé par la pandémie, le cru 2022 se déroule exceptionnellement en juin, et non en mars. L’événement, programmé du 24 au 30 juin, succède à Art Basel, qui se tient dans son créneau habituel (du 16 au 19 juin), et dans les roues de la Brafa (du 19 au 26 juin). Il n’est pas sûr que tous les collectionneurs suivent, et il faut s’attendre à des déperditions. Cependant, observe un marchand, « certains collectionneurs fortunés, notamment américains ou asiatiques, sont déjà en Europe à cette époque pour leurs vacances d’été, parfois pour un mois ». Du côté des enseignes, une partie est obligée de jongler, car la Brafa et la Tefaf partagent un certain nombre d’exposants. Ce qui est aussi le cas d’Art Basel et de la Tefaf, ou encore de la Tefaf et de Design Miami/Basel dans le domaine des arts décoratifs... Or, « antiquaires et marchands n’ont pas des équipes pléthoriques, comme les galeries d’art contemporain, pour pouvoir être partout », souligne un spécialiste. Sans compter que certains d’entre eux ont déjà participé, il y a un mois, à la Tefaf New York...
NOUVEAUX EXPOSANTS ET POINTS FORTS
D’où une édition 2022 de la Tefaf resserrée à Maastricht, pour entre autres, avancent les organisateurs, des questions d’espace disponible en juin au MECC, le centre des congrès sans charme où a lieu la Foire. Elle réunit deux cent quarante-deux exposants – contre près de trois cents en 2020 – venus de vingt pays, certains, de surcroît, partageant un stand. Parmi les dix-neuf nouveaux participants figurent le Bruxellois Serge Schoffel (arts premiers) ainsi que les Parisiens Sismann (sculpture ancienne), Marcelpoil (design), Mendes (peinture) et Nicolas Bourriaud (sculpture des XIXe et XXe siècles). Signe des temps, la Foire s’ouvre toujours un peu plus à l’art contemporain, en direction d’enseignes désireuses de rencontrer des collectionneurs venus d’autres horizons... Ainsi sont présents les Parisiens Pauline Pavec dans le secteur Showcase, et Nathalie Obadia ou Ceysson & Bénétière dans le secteur principal. Parmi les points forts de la Tefaf, Steinitz expose un groupe de terres cuites de 1730 par John Michael Rysbrack, allégories de la Grande-Bretagne au faîte de sa puissance maritime. Sarti montre un panneau de Francesco Botticini du XVe siècle représentant saint Gilles. Spécialiste de la statuaire antique, Chenel dévoile une Vénus Génitrix romaine de l’ancienne collection Pamphilj de Rome. Colnaghi, enfin, expose Le Triomphe de Galatée de Luca Giordano, du XVIIe siècle. Une visite confirmera si, dans le contexte inédit de ce mois de juin chargé, les marchands ont apporté leurs plus beaux trophées, comme c’est souvent le cas.
Tefaf, 25-30 juin 2022, MECC Maastricht, Forum 100, 6229 GV Maastricht, Pays-Bas.