Après deux années marquées par des initiatives alternatives – Brafa in situ dans les galeries parisiennes et bruxelloises en 2020, puis un report sur Internet en 2021 –, la Brafa (Brussels Art Fair), Foire belge créée en 1956 et connue pour son éclectisme, revient enfin en mode physique, dans la capitale, pour une 67e édition. Un moment très attendu par Didier Claes, spécialisé en art africain et pilier de la manifestation, « enthousiaste de retrouver la ferveur du Salon avec des exposants qui nous ont à nouveau témoigné leur confiance. Nous avons un réel besoin de recommencer à partager nos trouvailles et leurs histoires avec nos clients fidèles, mais aussi avec tous les collectionneurs dont l’excitation est palpable, ce qui est très encourageant. » Le galeriste organise une exposition thématique de quatorze Nkisi, des «objets-force », statues fétiches dédiées à la magie dans les tribus africaines autochtones. Toutes faisaient le lien entre le monde des morts et celui des vivants, à l’instar d’une rare statuette en bois Kongo Yombe (ou Vili) du Congo ayant appartenu, notamment, à l’écrivain français anticolonialiste André Gide.
« Ces changements ouvrent un nouveau chapitre et de nouvelles perspectives pour la Brafa qui reste une référence européenne. »
Nouveau lieu, Nouvelle date
« Les vrais challenges de cette édition sont de s’adapter à un nouveau lieu et de gérer le changement de dates, qui, cette année, coïncident avec celles d’autres manifestations comme Art Basel ou la Tefaf [The European Fine Art Fair] – qui démarre après la Brafa. Nous passons donc du mode hiver au mode été », souligne Didier Claes, qui voit cela d’un bon œil en raison de la « possibilité pour les collectionneurs de combiner les foires ». Car, après dix-neuf ans de Tour & Taxis, son écrin historique, Brafa déménage vers Brussels Expo sur le plateau de Heysel – témoin des Expositions universelles de Bruxelles de 1935 et 1958. La Foire est décorée cette année par l’artiste belge Arne Quinze. Néanmoins, « pas d’inquiétude à avoir », selon Harold t’Kint de Roodenbeke, président du Salon. « Ces changements ouvrent un nouveau chapitre et de nouvelles perspectives pour la Brafa, qui reste une référence européenne par les marchands prestigieux qui y participent ainsi que par les œuvres présentées et les collectionneurs fidèles, le tout dans une ambiance chaleureuse et décontractée », conclut le président.
Parmi les cent trente exposants du monde entier, notons la présence de quinze nouvelles galeries, telles que la belge Collectors Gallery, les suisses AV Modern & Contemporary et Latham, l’italienne Barbara Bassi (bijoux anciens), l’anglaise Giammarco Cappuzzo Fine Art ou les françaises La Forest Divonne et Kevorkian – qui apporte une spécialité inédite, l’art islamique. Autant d’acteurs qui, aux côtés d’habitués comme Laocoon, Helene Bailly, Jean-François Cazeau, De Jonckheere ou Xavier Eeckhout, insufflent une certaine nouveauté à la Foire, appréciée pour être un « cabinet géant de curiosités pour toutes les époques, tous les arts, mais également toutes les bourses », confie Harold t’Kint de Roodenbeke. Ce dernier expose d’ailleurs des paysagistes belges et des peintures symbolistes dans un stand « très divers », promet-il.
Brafa, 19-26 juin 2022, Brussels Expo-Heysel, place de Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique, brafa.art