Spider IV de Louise Bourgeois, qui peut être installée sur un mur, sera la tête d’affiche de la vente contemporaine de Sotheby’s à Hongkong le 27 avril, avec une estimation comprise entre 15 et 20 millions de dollars (13,8 et 18,4 millions d’euros), ce qui en fera la sculpture la plus chère proposée aux enchères en Asie.
L’œuvre en bronze, qui mesure environ 2 mètres d’envergure, a été exécutée en 1996 et il s’agit de l’une des six éditions limitées de cette version créée par l’artiste. L’une d’entre elles fait partie de la collection du Museo Jumex à Mexico, une autre appartient à la Fondation Louise Bourgeois et les quatre autres – y compris le présent lot – se trouvent dans des collections privées. Son propriétaire a acheté l’œuvre chez Sotheby’s à New York en 2017 pour 14,6 millions de dollars (avec les frais) contre une estimation de 10 à 15 millions de dollars, ce qui en fait le troisième prix le plus élevé de l’artiste aux enchères. Avant cela, elle se trouvait dans une collection privée française depuis les années 1990.
L’ŒUVRE EN BRONZE, EXÉCUTÉE EN 1996, ESTL’UNE DES SIX ÉDITIONS LIMITÉES DE CETTE VERSION CRÉÉE PAR L’ARTISTE
Les sculptures d’araignées de Louise Bourgeois ne sont pas courantes dans les ventes aux enchères. Cette dernière décennie, seulement cinq transactions ont été enregistrées. Mais elle est de loin sa série la plus onéreuse, se classant dans les six plus hauts prix de l’artiste aux enchères. Parmi celles-ci figurent deux œuvres colossales issues de ses premiers moulages d’araignées, dont l’une s’est vendue chez Christie’s à New York en 2019 pour un montant record de 32 millions de dollars (avec les frais). Le présent lot est la première sculpture d’araignée à être mise aux enchères en Asie.
« De ses pattes recroquevillées effrayantes à sa composition attractive, il s’agit sans équivoque de la sculpture la plus importante – toutes catégories confondues – jamais proposée en Asie », déclare Alex Branczik, le président pour l’art moderne et contemporain de Sotheby’s Asie, qui dirigera la vente, sa première à Hongkong depuis sa nomination à ce poste l’année dernière. Alex Branczik, qui était auparavant responsable européen de l’art contemporain chez Sotheby’s, ajoute que « lorsqu’[il a] décidé de prendre ce poste, [son] ambition était d’amener des chefs-d’œuvre de l’art occidental en Asie – des œuvres que [la maison serait] tout aussi heureuse de présenter en vedettes d’une vente du soir à Londres ou à New York ».
Toutefois, si les récentes ventes de Hongkong ont montré un profond appétit pour la peinture très contemporaine d’artistes femmes de moins de 40 ans en Asie, le marché des œuvres plus historiques est moins frénétique. Mais Alex Branczik se dit confiant dans la vente à un Asiatique de Spider IV, en raison notamment de l’intérêt pour les artistes femmes de la part des collectionneuses du continent qui, selon un porte-parole de Sotheby’s, représentent une grande partie des clients les plus importants de la maison de ventes aux enchères. En effet, le record actuel aux enchères pour une sculpture en Asie est également détenu par Louise Bourgeois pour son œuvre en bronze polychrome Quarantania de 1987 (qui ne fait pas partie de sa série Spider), vendue aux enchères par Seoul Auction en 2018 pour 8,5 millions de dollars.
Alex Branczik prend également pour exemple l’achat du Nez (1947) de Giacometti de la collection Macklowe par un crypto-milliardaire chinois, Justin Sun, pour 78,4 millions de dollars chez Sotheby’s à New York l’année dernière, afin de souligner l’appétit croissant en Asie pour la sculpture occidentale du XXe siècle à des prix à sept chiffres.
LE RECORD ACTUEL AUX ENCHÈRES POUR UNE SCULPTURE EN ASIE EST ÉGALEMENT DÉTENU PAR LOUISE BOURGEOIS
Le fait que la sculpture de Bourgeois puisse être fixée au mur et ainsi « agir comme un tableau » la rend également « très adaptée à l’univers domestique » et constitue une « proposition plus facil e» pour les collectionneurs, selon Alex Branczik. Spider IV fera partie d’une vente de 56 lots dont l’estimation se situe entre 74,4 et 106,3 millions de dollars (68 à 96 millions d’euros).