La résidence et l’atelier du célèbre artiste pop Roy Lichtenstein à Manhattan vont devenir un avant-poste du Whitney Museum of American Art, après que la veuve de l’artiste, Dorothy Lichtenstein, en a fait don à l’institution. Le bâtiment a été le siège de la Roy Lichtenstein Foundation depuis la mort de l’artiste en 1997.
À partir de l’année prochaine, après une rénovation de l’édifice dont la superficie s’élève à 836 m2, il accueillera l’Independent Study Program (ISP) du Whitney, un programme d’études géré par l’institution. Ses anciens étudiants vont de Roberta Smith, critique d’art du New York Times, à Naomi Beckwith, conservatrice en chef du musée Guggenheim, en passant par des artistes comme Andrea Fraser, LaToya Ruby Frazier et Felix Gonzalez-Torres. Ce sera la première fois que l’ISP disposera d’un lieu permanent, après avoir été locataire dans divers lieux depuis sa création en 1968.
« Je ne peux imaginer un usage plus significatif de l’atelier que celui du Whitney, afin de porter son héritage loin dans le futur, en construisant et en élargissant le rôle de la fondation dans le soutien à l’art contemporain et aux artistes », a déclaré Dorothy Lichtenstein.
Situé à quelques pâtés de maisons au sud du Whitney Museum, au 741/745 Washington Street, l’immeuble abritant le studio de l’artiste remonte à 1912, date à laquelle il a été construit pour accueillir un atelier de métallurgie. Roy Lichtenstein l’a acquis en 1987 et, l’année suivante, après l’avoir rénové, il en a fait sa résidence principale et y a installé son atelier. Le Whitney a choisi le cabinet d’architecture Johnston Marklee, basé à Los Angeles – dont les projets muséaux comprennent le Menil Drawing Institute de la Menil Collection à Houston, achevé en 2018, et la rénovation du Museum of Contemporary Art de Chicago, inauguré en 2017 – pour convertir l’espace à l’usage de l’ISP.
Ce don immobilier marque le dernier chapitre d’une longue histoire d’échanges entre Lichtenstein, sa famille, sa fondation et sa succession et le Whitney. Dès 1965, l’artiste a été présenté dans l’exposition annuelle du Whitney (devenue son exposition biennale phare). Plus récemment, en 2018, le musée et la fondation se sont associés pour créer la Roy Lichtenstein Study Collection, qui soutient l’exposition, l’étude et la conservation de son œuvre.
La fondation a également fait don au musée de plus de 400 pièces de Lichtenstein, allant de peintures et de sculptures à des estampes, des photographies et du matériel de recherche, ainsi qu’une collection de plus de 500 photographies réalisées par Harry Shunk et Janos Kender, documentant les manifestations artistiques sur la jetée 18. Tombée en désuétude dans la seconde moitié du XXe siècle, cette jetée de Manhattan est devenue le refuge d’interventions et de performances éphémères d’artistes tels que Gordon Matta-Clark, Robert Morris, Richard Serra et Lawrence Weiner.
CE DON IMMOBILIER MARQUE LE DERNIER CHAPITRE D’UNE LONGUE HISTOIRE D’ÉCHANGES ENTRE LICHTENSTEIN, SA FAMILLE, SA FONDATION ET SA SUCCESSION ET LE WHITNEY
Dans un entretien réalisé l’année suivant la mort de l’artiste, dans le cadre du programme « Oral History » du Museum of Modern Art (MoMA), avec la philanthrope Agnes Gund (qui, des années plus tard, lancera son association à but non lucratif, Art for Justice Fund, grâce à la vente d’une toile de Lichtenstein pour 165 millions de dollars), Dorothy Lichtenstein évoque la façon particulière dont l’artiste travaillait dans son studio. « Il avait toujours un miroir qu’il pouvait déplacer dans l’atelier afin de pouvoir regarder l’œuvre et la voir d’une autre manière, avait-elle déclaré. Et il avait construit des chevalets rotatifs afin de pouvoir travailler sur la peinture sans penser au sujet; il essayait de la peindre de manière à ce qu’elle fonctionne dans un sens abstrait. »