L’an dernier, l’établissement a bénéficié d’un budget de 19 millions d’euros, dont 6,3 millions pour le soutien à la création, 3 millions pour les acquisitions et commandes, et 7 millions pour les frais de fonctionnement – un montant élevé mais qui s’explique par les 3 millions de loyers annuels pour ses espaces de bureaux et de réserves.
Cette période a été exceptionnelle du fait de l’aide aux créateurs et aux professionnels frappés par la pandémie de Covid-19. L’organisme a notamment versé 1,8 million d’euros à 701 artistes-auteurs dans le cadre du fonds exceptionnel de garantie de revenus, il a apporté un secours exceptionnel aux artistes (1 293 soutiens pour 1,75 million d’euros), un soutien aux commissaires, théoriciens et critiques d’art (9 soutiens pour 60 000 euros), un soutien aux galeries (170 soutiens pour 925 000 euros), un autre aux éditeurs (34 soutiens pour 243 000 euros) ou une aide aux restaurateurs et conservateurs (3 soutiens pour 16 000 euros).
Du côté de ses actions traditionnelles, en 2021, le Cnap a acquis 337 œuvres de 145 artistes, ce qui en fait « l’un des principaux acquéreurs publics pour l’art contemporain », a souligné Béatrice Salmon. La scène française a été privilégiée sans que les artistes internationaux soient ignorés. Une grande parité a aussi été observée. Attentive à la découverte, l’institution a acquis des œuvres de 78 créateurs qui n’étaient pas représentés auparavant dans la collection. Parmi les œuvres qui entrent dans le fonds figurent celles de Lili Reynaud-Dewar, Michael Rakowitz, Marie Angelotti, Sylvie Fanchon, Mimosa Echard, Tarik Kiswanson, Jacqueline de Jong ou Gaëlle Choisne (en partenariat avec Aware).
Dans le domaine de la photo, ont été acquises des pièces de Simon Baloji ou Deana Lawson, et dans celui du design, de Philippe Malouin ou Konstantin Grcic. Ces créations viennent rejoindre un ensemble de plus de 107 000 œuvres réunies depuis 1791, dont 90 000 sont déjà accessibles en ligne. Le site Internet du Cnap enregistre d’ailleurs une forte fréquentation, avec 750 000 visites en 2021, soit plus de 60 000 par mois.
Dans le domaine de la commande publique, le Cnap a lancé un programme inédit réservé à des « œuvres temporaires et réactivables pour des collectivités territoriales de moins de 50 000 habitants ». Trois œuvres doivent être installées en 2022 : Stellar Song. Please Don’t take My Sunshine Away de Benoît-Marie Moriceau à Thiers (en partenariat avec le Creux de l’enfer); Lluvia de Daniel Otero Torres à Amilly (en partenariat avec Les Tanneries); La couleur cinq fois de Didier Mencoboni à Mouans-Sartoux (en partenariat avec L’Espace de l’art concret).
CES CRÉATIONS VIENNENT REJOINDRE UN ENSEMBLE DE PLUS DE 107 000 ŒUVRES
Parmi les autres programmes du Cnap figure le soutien à des lieux indépendants, en partenariat avec l’Adagp, à travers la 8e édition de « Suite » qui concernera en 2022 Bermuda à Sergy (Ain), Balak à Charleville-Mézières (Ardennes) ou Drawing Factory (Paris). La commande photographique « Regard du Grand Paris » entend de son côté témoigner de la transformation urbaine et sociale du Grand Paris sur une période de dix ans (2016-2026) en partenariat avec les Ateliers Médicis. Une exposition aux prochaines Rencontres d’Arles mettra de son côté en avant la scène photographique française. Enfin, l’organisme s’est associé à la Villa Albertine, nouvelles résidences de l’Institut français aux États-Unis.
L’établissement entend aussi mettre l’accent sur la recherche sur son fonds. Deux thèses débutent sur les collections via des conventions de recherche.
Le Cnap prépare également son déménagement de la Défense à Pantin à l’horizon 2024. Il s’installera alors dans d’anciens entrepôts de stockage. L’institution disposera alors de la plus grande réserve d’Europe, soit 25 000 m2, dont 6 000 m2 seront concédés au Mobilier national. Pour l’heure, la collection est en phase de traitement pour préparer ce déménagement, un travail de trois ans impliquant 40 000 œuvres.
Enfin, le premier semestre sera aussi marqué pour l’établissement par la réouverture à Milly-la-Forêt (Essonne) du Cyclope de Jean Tinguely fixée symboliquement au jour de l’anniversaire de l’artiste, le 22 mai 2022. Cette œuvre monumentale et collective retrouvera tout son lustre grâce à une année de travaux, pour un coût de 1,2 million d’euros.
Un sacré programme !