C’est sous l’égide de l’expertise et de l’expérience d’Art Brussels que se tient à Anvers, du 16 au 19 décembre 2021, une toute nouvelle foire, Art Antwerp. Celle-ci rassemble une soixantaine de galeries seulement, originaires de Belgique et de ses pays limitrophes – les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg et la France.
Elle vise clairement un marché territorial à dimension européenne, dans une région, la Flandre, où les collectionneurs sont particulièrement actifs et bien informés. Dès les années 1950, Anvers a été une ville largement ouverte aux avant-gardes, depuis la Hessenhuis et le groupe d’art abstrait G58, la galerie Wide White Space, l’ICC (Internationaal Cultureel Centrum) dont le MUHKA (musée d’Art contemporain Anvers) est l’héritier, l’Office baroque (hélas démoli) de Gordon Matta-Clark ou encore le parc de sculptures du Middelheim, sans oublier l’offre diversifiée que propose la ville en galeries d’art comme en espaces gérés par des artistes.
UNE MANIFESTATION À TAILLE HUMAINE
«Nous pensions à Anvers depuis un certain temps déjà, explique Anne Vierstraete, directrice d’Art Brussels et d’Art Antwerp. Cette foire est en partie le résultat d’un premier projet avorté, à la suite du Covid-19, d’une “Art Brussels Summer Edition” initialement prévue en juin 2020, avec un format réduit et festif d’environ quatre-vingt-dix galeries. Nous avons repris cette idée pour Anvers, avec la même offre mesurée de galeries, mais encore plus limitée. Nous voulons aussi donner l’impression de n’avoir qu’un seul hall, de façon à maintenir cette nouvelle foire à taille humaine, surtout en cette période. » Quant à cette date de la mi-décembre, à tout le moins inhabituelle pour organiser une foire d’art, Anne Vierstraete y voit une belle opportunité : « Il y a une véritable fenêtre à cette période de l’année, par rapport au calendrier des autres foires et à l’agenda des galeries. Il nous fallait saisir cette opportunité. Nous croyons dès lors qu’il y a moyen de pérenniser cette Foire. C’est le marché qui devra trancher. Mais nous sommes aussi flexibles, pour poursuivre l’expérience… »
La réaction positive des galeries à l’égard du projet a dû conforter la directrice dans cette option. « Il existe une dynamique particulière à Anvers, une mentalité différente [de celle de Bruxelles], précise-t-elle. Nous ressentons une adhésion au projet, une fierté que cette grande première internationale se passe chez eux. Il y existe une communauté très jeune dont on perçoit la marque chez les plus récentes galeries qui se sont ouvertes. L’offre est intergénérationnelle, de la vétérante De Zwarte Panter aux plus récentes comme Base-Alpha et FRED&FERRY, en passant par les incontournables Annie Gentils, Fifty One, Tim Van Laere, Sofie Van de Velde et Zeno X, sans oublier Micheline Szwajcer ou Axel Vervoordt, même si ces deux dernières ne participent pas à la Foire. »
LES GALERIES AU RENDEZ-VOUS
De fait, l’offre est aussi conséquente que diversifiée, avec notamment une présence relativement importante des galeries allemandes, puisque l’on en décompte huit : Clages et Philipp von Rosen (Cologne), Thomas Fischer, Michael Janssen, Nagel Draxler et Barbara Wien (Berlin), Parisa Kind (Francfort) et Sies + Höke (Düsseldorf). Sept galeries parisiennes, si on inclut parmi elles Campoli Presti, participent à la manifestation : Laurent Godin, Lelong & Co, kamel mennour, Nathalie Obadia, Semiose et Templon qui présente, entre autres, le peintre belge Jan Van Imschoot, actuellement sur les cimaises de sa seconde galerie parisienne.
« Il existe une dynamique particulière à Anvers, une mentalité différente [de celle de Bruxelles]. Nous ressentons une adhésion au projet. »
La scène artistique belge, et plus particulièrement anversoise, est largement soutenue par les galeries de la place : celles de Sofie Van de Velde et Plus-One s’associent pour proposer une exposition collective d’artistes anversois; il en va de même pour De Zwarte Panter, qui montre la génération des Fred Bervoets (né en 1942), Hugo Heyrman (né en 1942) et Jan Vanriet (né en 1948), alors que Tim Van Laere expose notamment Kati Heck (née en 1979), Dennis Typhus (né en 1979), Rinus Van de Velde (né en 1983) et Ben Sledsens (né en 1991). La génération émergente des années 1990 est présente chez FRED&FERRY, tandis que l’on peut retrouver Luc Tuymans sur le stand de Zeno X, parmi tous les autres noms défendus par la galerie. De nombreux autres artistes belges sont mis en évidence chez Annie Gentils, Keteleer, Rossicontemporary Transit (qui présente Johan Creten et Luc Dondeyne) ou Greta Meert (chez qui l’on peut voir en particulier Edith Dekyndt, Pieter Vermeersch, Koen Van den Broek et Catharina van Eetvelde).
Plusieurs galeries, enfin, optent pour des solo shows, comme Baronian Xippas avec Robert Devriendt, Irène Laub avec Gauthier Hubert, Geukens & De Vil avec Gideon Kiefer, Dvir avec Marianne Berenhaut (née en 1934 et également exposée au MUHKA), ou Dürst Britt & Mayhew (La Haye) avec la peintre hollandaise Jacqueline de Jong (née en 1939 et qui vient d’exposer au Wiels, à Bruxelles). En réunissant Carl Andre, Richard Long, Claude Rutault, Lawrence Weiner et le sculpteur allemand Bernd Lohaus, QG Gallery (Knokke) n’oublie pas ces autres artistes historiques, tous exposés à Anvers dès les années 1970, la plupart à la galerie Wide White Space.
À l’heure d’écrire ces lignes, la seule incertitude qui subsiste est, évidemment, celle de la situation sanitaire et de son éventuelle aggravation. Malgré toutes les précautions prises par les organisateurs et les dispositifs mis en place, cette nouvelle manifestation pourrait, au dernier moment, être annulée. Celle-ci se veut pourtant une grande première, au profil savamment équilibré entre offre régionale et offre internationale de qualité, au diapason du dynamisme de la métropole portuaire qu’est Anvers.
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Art Antwerp, 16-19 décembre 2021, Antwerp Expo, 191, Jan van Rijswijcklaan, 2020 Anvers, Belgique.
Online Viewing Room sur Artsy, du 14 au 22 décembre 2021.