Les musées américains poursuivent leurs efforts pour rattraper des années d’omissions et de sous-représentation des Noirs américains au sein de l’histoire de l’art. Pour l’exposition « Black American Portraits », le Los Angeles County Museum of Art (Lacma) a réuni plus de 140 œuvres, provenant pour la plupart de ses propres collections, afin d’offrir un panorama plus général des Afro-Américains, de leurs vies et de leurs créations au cours des deux derniers siècles.
« Le portrait a été utilisé depuis des générations par les Noirs américains comme un outil leur permettant de se définir eux-mêmes, et « Black American Portraits » s’attache à présenter les portraits de personnes noires puissants, beaux et complexes », écrivent les commissaires de l’exposition, Christine Y. Kim et Liz Andrews, dans le guide de l’exposition. La manifestation rend également hommage à un autre événement qui a fait date au sein même du musée en 1976, l’exposition « Two Centuries of Black American Art », organisée par l’artiste et historien de l’art David Driskell, décédé l’année dernière.
Dans l’exposition du Lacma, les portraits de Noirs américains sont présentés par ordre chronologique et thématique, l’œuvre la plus ancienne datant de 1800 environ. Il s’agit d’une peinture à l’huile représentant un homme bien habillé, à l’expression déterminée, portant une écharpe rouge et une veste bleue. Il pourrait s’agir de Paul Cuffe, un affranchi de Nouvelle-Angleterre qui a fini par se constituer une flotte de navires. Avec l’arrivée de la photographie, les portraits d’Afro-Américains se sont multipliés, car ce médium est devenu de plus en plus accessible et abordable. La tenue et le comportement des personnages montrent en outre leurs changements de situation et de statut. Un daguerréotype du XIXe siècle représente une femme coiffée tenant un livre, signe d’alphabétisation et d’éducation.
AVEC L’ARRIVÉE DE LA PHOTOGRAPHIE, LES PORTRAITS D’AFRO-AMÉRICAINS SE SONT MULTIPLIÉS
Après la Première Guerre mondiale, de nombreux Noirs américains ont quitté le sud pour s’installer dans les villes du nord et dans l’ouest de l’Amérique. Harlem, dans l’État de New York, est devenu un refuge pour les écrivains, artistes et musiciens noirs, formant ainsi ce que l’on appelle aujourd’hui la « Renaissance de Harlem ». L’exposition présente des portraits réalisés par des talents de cette époque ou en montre, notamment le poète Langston Hughes. Des sculptures d’Augusta Savage et des photographies de James Van Der Zee sont aussi proposées.
Suivent des figures de proue d’époques ultérieures, comme du mouvement des droits civiques (1954-1968) et du Black Arts Movement (1965-1975), ainsi que des autoportraits contemporains d’Arthur Jafa, Kerry James Marshall et Paul Mpagi Sepuya. Figurent aussi des lithographies de l’influent artiste figuratif Charles White, mis à l’honneur par le Lacma par une rétrospective en 2019.
Aucune exposition sur ce thème ne serait complète sans présenter deux des portraitistes les plus importants en Amérique aujourd’hui, Amy Sherald et Kehinde Wiley. La première dévoile une grande toile dans l’exposition, qui s’est ouverte le même jour que « The Obama Portraits » présentée tout près dans une autre salle. Les portraits de l’ancien président Barack Obama (par Kehinde Wiley) et de l’ancienne première dame Michelle Obama (par Amy Sherald) ont été prêtés par la National Portrait Gallery de Washington et constituent un rappel opportun d’un programme politique et social progressiste mené par une administration précédente.
-
« Black American Portraits », jusqu’au 17 avril 2022, Los Angeles County Museum of Art, 5905 Wilshire Blvd., Los Angeles.