Après une année 2020 en ligne, et avant un retour espéré à la foire dans son ampleur habituelle en septembre 2022, Wopart a organisé ce week-end à Lugano une édition plus concentrée, avec une trentaine d’exposants contre une centaine avant la pandémie.
Le concept de ce salon créé en 2016 consacré aux « Works on paper », d’où son nom, est non seulement de faire honneur aux créations sur papier, du dessin à la photo, mais aussi de permettre aux galeristes de saupoudrer leurs stands avec d’autres médiums. « Nous sommes autorisés à apporter une seule pièce autre que des œuvres sur papier », confirme la galerie Atipografia d’Arzignano, ville située entre Vicence et Vérone. Elle a donc présenté une œuvre à l’encaustique sur bois du Suédois Mats Bergquist de 2017 pour 5 000 euros aux côtés d’un de ses dessins. « Très connu en Italie », assure la galerie, l’artiste aura droit à une exposition à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm en 2022. La galerie présentait également entre autres des œuvres elliptiques sur le thème de la douleur par Gregorio Botta – à l’affiche de la GNAM, Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea à Rome en 2020 – sur papier enduit de cire, dont une composition poétique faite avec des pétales, Noli Me Tangere, en référence au tableau de Fra Angelico.
LA FOIRE ACCUEILLE DES ENSEIGNES SUISSES PARTICIPANT AUSSI À ART BASEL
« Nous rencontrons ici beaucoup de collectionneurs qui vivent ici, et pas seulement ceux qui ont des résidences secondaire s», explique la galeriste. Signe que le canton du Tessin regorge d’amateurs d’art de haut niveau – certains visiteurs sont aussi venus d’autres régions de la Suisse et même d’Allemagne, d’Italie et quelques-uns même d’Espagne pour la foire –, plusieurs enseignes suisses participant par ailleurs à Art Basel exposent cette année. Parmi elles figurent Buchmann de Lugano, une référence, qui montrait notamment le travail conceptuel d’Alex Dorici réalisé dans l’espace à partir de scotch dans le même esprit que Felice Varini.
Autre habituée d’Art Basel, l’enseigne bâloise Carzaniga propose Welcome, un paillasson de Banksy intégrant des lanières de gilets de sauvetage, réflexion inspirée sur les migrants. « Nous nous sommes décidés à venir trois semaines avant la foire, car la dernière fois nous avions conclu de nombreuses affaires après la foire », raconte Philipp E. Hediger-Junod, codirecteur. Et d’ajouter : « Des Suisses allemands ont des appartements sur place et découvrent l’art, pour ici ou pour leur résidence principale ». La galerie a vendu plusieurs pièces de Sonja Maria Schobinger.
« DES SUISSES ALLEMANDS ONT DES APPARTEMENTS SUR PLACE »
Outre Banksy, l’enseigne présentait des œuvres de Sam Francis, de Francis Picabia et d’autres magnifiques signées Mark Tobey – l’une d’elles provenant de la collection d’Ernst Beyeler étant affichée à 115 000 francs suisses (110 000 euros), mais aussi du jeune Oliver Jauslin. Ce dernier a été l’un des coups de cœur de la collectionneuse madrilène Carmen Serrano-Suñer, très intéressée aussi par des éditions de Damien Hirst, tirages sur aluminium à 15 000 francs suisses l’édition de 728 – ce qui fait beaucoup –, chez CasaGalleria MonteGeneroso, ainsi qu’entre autres par des dessins d’Henry Moore chez Pandora Old Masters (New York). Par ailleurs, parmi les pépites de cette édition figurait aussi une œuvre brûlée de Bernard Aubertin chez Immaginaria à 15 000 francs suisses. Parmi les ventes, cette galerie a cédé une œuvre de Karl Stengel à un collectionneur allemand.
L’ENSEMBLE TÉMOIGNAIT D’UNE OFFRE DE QUALITÉ
Si quelques stands plus détonants tranchaient malheureusement, l’ensemble témoignait d’une offre de qualité, avec le renfort de fondations telles que la Benhoode Foundation (Paris) ou la Fondation Hermann Hesse (Montagnola). Cette dernière a montré des aquarelles inédites de l’écrivain allemand installé dans la région, sélectionnées par le directeur artistique Robert Phillips, qui fut notamment consultant pour le Solomon R. Guggenheim Museum de New York. En outre, la BNP Paribas Swiss Foundation exposait une sélection d’œuvres de sa collection, de Max Bill à Yaacov Agam, en compagnie de photos d’Arunà Canevascini dans le cadre de son programme de soutien aux jeunes artistes suisses. Du MUSEC au MASI LAC, deux musées de Lugano, en passant par les fondations et collections privées, la foire gagnerait sans doute à structurer un parcours VIP pour profiter encore davantage d’institutions locales souvent d’une richesse insoupçonnée dans ce coin de Riviera lacustre…