L’idée de créer une « Villa » aux États-Unis, sur le modèle de la Villa Médicis à Rome, n’est pas récente. Le caractère incontournable de cet immense pays pour la création contemporaine avait déjà suscité différents projets par le passé. Alors directeur de Cultures France, l’ancêtre de l’Institut français, Olivier Poivre d’Arvor avait lancé une réflexion et même des études pour voir enfin ce projet se concrétiser, sans qu’il ne parvienne finalement à le faire aboutir.
PARMI LA PREMIÈRE SALVE DE PARTICIPANTS, FIGURENT UNE DOUZAINE D’ARTISTES PLASTICIENS
La dimension des États-Unis, la pluralité de ses centres artistiques – pour caricaturer un cinéaste voudra séjourner à Los Angeles, un artiste plasticien à New York, un architecte à Chicago – avait aussi rendu difficile le choix d’un lieu unique susceptible de convenir à tous les champs de la création. En optant pour un modèle totalement novateur, non plus marqué par la sédentarité mais par une grande mobilité, en adoptant une logique de fluidité et en misant sur la souplesse, la Villa Albertine a certainement fait le bon choix, en totale adéquation avec notre époque marquée par la flexibilité.
Monté en un temps record par Gaëtan Bruel, son directeur, la Villa Albertine s’appuie « sur une multitude de lieux et offre un accompagnement individualisé, fort d’une équipe de 80 personnes réparties en dix antennes dans les principales villes des États-Unis (Boston, Chicago, San Francisco, Los Angeles, Houston, Nouvelle-Orléans, Miami, Atlanta, Washington DC et New York, où se trouve son siège)». Le financement est assuré grâce au soutien de partenaires.
Parmi la première salve de participants, figurent une douzaine d’artistes plasticiens. Nicolas Floc’h, en partenariat avec la Fondation Camargo, va parcourir le bassin-versant du Mississippi jusqu’à l’océan pour documenter la couleur de l’eau dans une approche multidisciplinaire. Hicham Berrada, en partenariat avec Art Explora et Lafayette Anticipations, poursuivra à Miami ses recherches sur la morphogenèse. Mohamed Bourouissa, en partenariat avec la Kadist Foundation, effectuera une résidence à San Francisco où il travaillera à une installation mettant en œuvre des drones pilotés par une intelligence artificielle. Dove Allouche, en partenariat avec Art Explora et les Beaux-Arts de Paris, se rendra à Marfa pour étudier les premières molécules prébiotiques. Mimosa Echard, en partenariat avec Art Explora et le Palais de Tokyo, résidera à Miami pour « explorer les superpositions culturelles, sociales et politiques qui constituent cet espace urbain contrasté ». Ariane Michel, en partenariat avec Art Explora et le musée Gassendi, entend, elle, promener sa caméra dans les marais aux alentours de Miami pour saisir leur écosystème.
Au nombre des autres résidents figureront des créateurs travaillant dans le secteur du design et des métiers d’art, en partenariat avec la Fondation Bettencourt Schueller, mais aussi des personnalités actives dans le domaine des musées et du patrimoine : Olivier Gabet, Anne Lafont, Annabelle Ténèze, Céline Tricart et Olivia Voisin. Ici aussi, le mot d’ordre est le même : la Villa Albertine propose du sur-mesure pour s’adapter aux besoins de chaque résident.
MIMOSA ECHARD RÉSIDERA À MIAMI POUR « EXPLORER LES SUPERPOSITIONS CULTURELLES, SOCIALES ET POLITIQUES QUI CONSTITUENT CET ESPACE URBAIN CONTRASTÉ »
Ce programme va ainsi permettre à de multiples représentants de l’art et de la culture de la scène française de tisser des réseaux outre-Atlantique, en espérant que leurs talents attirent un peu plus l’œil de nos amis américains en direction des créateurs de notre pays.