Un an et demi après sa dernière édition physique organisée en mars 2020 alors que la pandémie gagnait du terrain, la Tefaf Maastricht revient du 9 au 13 septembre sous un format numérique, après une journée de vernissage sur invitation, mercredi 8 septembre. Même si l’heure est davantage au retour des événements à visiter physiquement et moins aux propositions en ligne qui ont saturé les collectionneurs en 2020, cette Tefaf online est aussi importante pour la foire d’art et d’antiquités – Tefaf New York Spring a dû elle aussi être annulée au printemps 2020 – que pour les marchands. En effet, cela fait de longs mois que ne sont plus organisées des manifestations physiques de ce type : les prochaines seront Frieze Masters à Londres et Fine Arts Paris en novembre. « Nous avons demandé aux exposants une participation de 2 500 euros au développement de notre plateforme numérique et avons l'intention d'accroître notre présence en ligne pour permettre aux exposants de toucher des publics qui ne peuvent pas forcément voyager », explique Charlotte Van Leerdam, directrice exécutive de la foire.
EN NOVEMBRE 2020, UNE PREMIÈRE ÉDITION NUMÉRIQUE ASSOCIANT EXPOSANTS DE LA TEFAF DE NEW YORK ET DE MAASTRICHT AVAIT RÉUNI 300 MARCHANDS
En novembre 2020, une première édition numérique associant exposants de la Tefaf de New York et de Maastricht avait réuni 300 marchands. Chacun n’avait présenté qu’une seule pièce. Cette fois, ils ont eu le droit d’en sélectionner jusqu’à trois. Soit ici un total de quelque 700 œuvres pour 264 enseignes ! Parmi elles, Christophe de Quénetain a choisi de montrer plusieurs pièces inspirées du crabe, animal associé dans l’art à la sensibilité et à la protection. Tel un encrier de la Renaissance italienne en bronze du XVIe siècle : il est affiché à 200 000 euros. La galerie Steinitz, de son côté, propose entre autres une commode de BVRB datant d’environ 1765. Au départ propriété du trésorier du comte d’Artois, elle a ensuite intégré la collection Rothschild pendant un siècle.
Son confrère Kugel présente un secrétaire Louis XVI de Claude-Charles Saunier recouvert de panneaux japonais en laque illustrant la passion française pour cette technique au XVIIIe siècle. Anniversaire oblige, Dickinson met Napoléon Ier à l’honneur avec un portrait par Robert Lefevre datant de 1814. Porcini expose en ligne un panneau du XVIIe siècle peint par Giovanni Battista Caracciolo, disciple du Caravage, représentant la Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste et saint Jean l’évangéliste. Brimo de Laroussilhe dévoile le feuillet droit d’un diptyque en ivoire datant d’environ 1280 dont l’autre volet se trouve au Louvre. Son prix ? 380 000 euros. Toujours dans le registre de la sculpture, Chenel présente une Aphrodite romaine en marbre du Ier siècle de notre ère provenant des jardins de la villa Doria Pamphilj à Rome, au prix de 1,8 million d’euros.
Beaucoup de galeries d’art contemporain participent cette année à la Tefaf online. Pour 1,8 à 2 million(s) de dollars, Van de Weghe propose une huile de Keith Haring réalisée en 1987 lors d’un séjour à Knokke, en Belgique. Tout comme un cube de Jesús Rafael Soto de 1971, à la Leon Tovar Gallery de New York.
Encore plus contemporain ? Nathalie Obadia présente une Chaise du soir de 2018 par Benoît Maire, créée avec l’aide de personnes déficientes auditives. White Cube met en vente trois œuvres de David Hammons, dont Fly Jar, un bocal en verre rempli de fil de fer, que l’on aurait davantage attendu à Frieze ou à la FIAC ! Quant à la série d’autoportraits sculptés en albâtre de Marina Abramovic, elle date de 2020-2021 (Lisson Gallery).
Parallèlement, la Tefaf lance un nouvel espace en ligne, TEFAF Collections, où des personnalités du monde de l’art très hétérogènes présenteront leurs coups de cœur sur la foire virtuelle : l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, l’artiste Erwin Wurm, la directrice du Yale Center for British Art Courtney J. Martin, la designer Faye Toogood, le conservateur en chef de la collection al Thani Amin Jaffer et le directeur de la Hispanic Society of America (New York) Guillaume Kientz. Selon Charlotte Van Leerdam, une enquête effectuée après la première édition online a confirmé le souhait du public de davantage de contenu dans ce type de programme. En attendant les rencontres en réel !