Le noir n’est pas une couleur. Le blanc non plus d’ailleurs. Ils sont « au-delà de la couleur », pour reprendre le titre de l’exposition proposée par Jean-Jacques Aillagon à Rennes cet été. Comme « Debout ! » en 2018, celle-ci est construite à partir d’un large choix d’œuvres issues de la Pinault Collection à l’invitation de la maire de la ville, Nathalie Appéré. S’inscrivant dans le cadre de la manifestation « Exporama », « Au-delà de la couleur. Le noir et le blanc dans la collection Pinault » répond à « La Couleur crue », l’exposition d’art contemporain du musée des Beaux-Arts de Rennes placée sous le commissariat de Jean-Roch Bouiller, directeur du lieu, de Sophie Kaplan, directrice de La Criée – Centre d’art contemporain, et d’Anne Langlois, directrice artistique et commissaire des expositions de l’espace d’art contemporain 40mcube.
Photographie, abstraction et mode
Quand on évoque le « noir et blanc », on pense immédiatement à la photographie, et cette dernière est au cœur de l’accrochage du Couvent des Jacobins. Depuis quelques années déjà, le fonds de la Pinault Collection dédié à la photo ne cesse de grandir et donne régulièrement lieu à des expositions. On se souvient de l’exceptionnel ensemble de tirages d’Irving Penn présenté au Palazzo Grassi à Venise en 2014-2015, ou des expositions plus récentes « Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu » et « Youssef Nabil. Once Upon a Dream », en 2020-2021.Ces trois photographes se retrouvent à Rennes avec bien d’autres.
L’iconique Noire et Blanche (1926) de Man Ray voisine ainsi avec un ensemble de vues de New York saisies par Raymond Depardon au début des années 1980 et montrées pour la première fois dans le cadre d’une exposition de la Pinault Collection. C’est aussi le cas de nombreuses autres œuvres qui révèlent toute la profondeur du fonds, à l’image de pièces signées Dorothea Lange, Richard Avedon, Hiroshi Sugimoto, Antoni Tàpies, Manolo Millares, Michel François, etc. Certains artistes collectionnés de longue date par François Pinault sont particulièrement bien représentés ici, comme Adel Abdessemed, dont la BMW noircie (Practice Zero Tolerance) fut exposée initialement au Plateau à Paris en 2006, tout comme Pluie noire, tandis que le fameux Coup de tête (2012) de Zinédine Zidane est installé en extérieur.
l’un des temps forts du parcours est sans conteste la salle réunissant des œuvres reliées à l’art minimal et abstrait.
L’un des temps forts du parcours est sans conteste la salle sobrement intitulée « Less is more », réunissant des œuvres reliées à l’art minimal et abstrait, de Günther Uecker, Dan Flavin, François Morellet, Enzo Mari, Michel Parmentier, Olivier Mosset et Robert Ryman. La mode n’est pas oubliée, avec la petite robe noire dans une présentation quelque peu « corporate », mettant en avant deux marques du Groupe Kering, Balenciaga et Yves Saint Laurent.
Le noir et blanc, c’est bien sûr aussi l’encre sur le papier qui vient former des mots pour construire du sens. Face aux suites sans fin de chiffres de Roman Opalka, Christopher Wool lance des « extremist », « hypocrite », « absurdist » et même « cameleon ». Histoire de retrouver des couleurs.
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« Au-delà de la couleur. Le noir et le blanc dans la Collection Pinault », 12 juin-29 août 2021, Couvent des Jacobins, 20, place Sainte-Anne, 35000 Rennes.