C’est une icône populaire et une figure encore pleine de mystères… La première exposition de Chiara Parisi, « Face à Arcimboldo », résonne comme un manifeste. Elle mêle de façon éblouissante des œuvres du maître maniériste exceptionnellement prêtées pour l’occasion, tels Le Bibliothécaire ou Le Printemps, à celles d’artistes modernes et contemporains. « C’est une exposition qui est née d’une expérience personnelle, la découverte pendant un voyage de classe à Venise de la première exposition de l’œuvre d’Arcimboldo au Palazzo Grassi en 1987. Elle est à l’origine de ma vocation de conservatrice de musée», raconte-t-elle.
Le fil est ainsi repris d’une recherche menée il y a trente-cinq ans par les historiens d’art Pontus Hulten et Yasha David – ce dernier a d’ailleurs participé au catalogue avec un entretien sur l’exposition vénitienne. Les deux hommes s’étaient à l’époque concentrés sur la question du visage et s’inscrivaient eux-mêmes dans la suite d’une exposition d’Alfred Barr en 1936 au Museum of Modern Art, à New York, qui montrait Arcimboldo, peintre longtemps méprisé, à la destinée singulière et mystérieuse, comme un précurseur de la modernité.
l’exposition mêle de façon éblouissante des œuvres du maître maniériste à celles d’artistes modernes et contemporains
Cartographie organique
Comme à son habitude, avec les expositions qu’elle a organisées au Centre international d’art et du paysage de Vassivière et à la Monnaie de Paris, Chiara Parisi porte un soin – et un sens – particulier à la scénographie et au catalogue. Ce dernier, conçu par les graphistes M/M (Paris), réunit des textes écrits par des historiens, des critiques et des artistes, ainsi qu’un essai de Roland Barthes. Le duo Berger&Berger a rouvert la grande nef imaginée par Shigeru Ban et Jean de Gastines, dans laquelle des espaces ont été modulés par des cimaises en briques de béton ciré pour suggérer la rêverie et l’errance dans un paysage mental ou dans les jardins de Bomarzo…
Construit en tandem avec la conservatrice Anne Horvat, le parcours est une cartographie organique inspirée par les principes de L’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg, dans une démarche à la fois savante et subjective. En préambule, une immense installation d’Annette Messager introduit la visite, peuplée d’animaux hybrides dont elle est familière. Puis Arcimboldo est tour à tour confronté à des artistes sur lesquels il a eu une influence plus ou moins directe. De James Ensor à Pierre Huyghe, de Pablo Picasso à Cindy Sherman, les rencontres sont espiègles et fertiles. On imagine la conversation entre ces créateurs par-delà l’espace et le temps.
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« Face à Arcimboldo » 29 mai-22 novembre 2021, Centre Pompidou-Metz, 1, parvis des Droits-de-l’Homme, 57000 Metz.