Georgia O’Keeffe (1887-1986) a toujours cherché à incarner l’essence de la nature et les rythmes au-delà du visible, dans une quête qu’elle explique ainsi : « Ce sont des lignes et des couleurs mises ensemble pour qu’elles disent quelque chose. L’abstraction est souvent la forme la plus apte à représenter cette part d’intangibilité en moi que seule la peinture permet d’élucider. » En octobre 1915, elle réalise une série de dessins abstraits aux motifs organiques qui rompt radicalement avec sa formation classique. Dans Red, Yellow and Black Streak (1924), le reflet du soleil couchant sur le lac George (État de New York) – où elle se rend alors chaque été avec son époux Alfred Stieglitz – crée de part et d’autre de la toile de puissants remous d’énergie, intériorisant l’expérience sensorielle du crépuscule. « Les hommes aimaient me décrire comme la meilleure peintre femme. Je pense que je suis l’une des meilleures peintres », disait-elle, alors qu’en 1945 le critique Clement Greenberg écrivait : « Son art à très peu de valeur intrinsèque. »
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« Elles font l’abstraction », du 19 mai au 23 août 2021, Galerie 1 - Centre Pompidou, 75004 Paris.