Habituellement, lorsqu’un musée est inondé, c’est que quelque chose a sérieusement mal tourné. Mais à la Fondation Beyeler, à Riehen, la banlieue chic de Bâle, l’inondation du musée fait partie intégrante de l’exposition. Il s’agit de la nouvelle installation in situ, intitulée Life, conçue par l’artiste dano-islandais Olafur Eliasson.
Ce dernier a ouvert un côté du bâtiment conçu par Renzo Piano (avec la bénédiction de l’architecte) pour laisser pénétrer dans le musée la mare qui habituellement se déploie devant, et qui est séparée de l’intérieur climatisé par de grandes baies vitrées. Les visiteurs peuvent dorénavant marcher sur l’eau, dont la profondeur peut atteindre 80 cm par endroits, en empruntant une série de passerelles qui entrent et sortent du bâtiment. La nuit, l’intérieur est éclairé par une lumière bleue.
LES VISITEURS PEUVENT MARCHER SUR L’EAU EN EMPRUNTANT DES PASSERELLES QUI ENTRENT ET SORTENT DU BÂTIMENT
Olafur Eliasson a également teinté l’eau d’un vert fluorescent et a garni la mare de plantes, parmi lesquelles des nénuphars, des laitues d’eau, des fougères aquatiques sélectionnées par l’architecte paysagiste Günther Vogt. L’eau a été teintée à l’aide d’uranine, un colorant organique couramment utilisé pour observer les courants, et auquel Olafur Eliasson a déjà eu recours pour son œuvre Green River (1998), lorsqu’il avait coloré des cours d’eaux dans des villes comme Stockholm, Tokyo et Los Angeles. « De concert avec le musée, je cède le contrôle à l’œuvre d’art, écrit-il dans le communiqué qui accompagne l’exposition, et, pour ainsi dire, je donne tout pouvoir aux visiteurs humains, mais aussi aux visiteurs non-humains, aux plantes, aux micro-organismes, aux caprices du temps, au climat – un grand nombre d’éléments que les établissements artistiques s’efforcent habituellement de tenir à l’écart. »
La façade sud du bâtiment est ouverte aux éléments pendant toute la durée de l’exposition, qui se prolonge jusqu’en juillet. « Même si aucun visiteur humain n’est présent dans cet espace, écrit Olafur Eliasson, d’autres êtres vivants – tels que des insectes, des chauves-souris et des oiseaux, par exemple – peuvent voler au-dessus et s’y installer temporairement ». Cette possibilité fait partie intégrante de l’œuvre, l’artiste ajoutant que lorsqu’il a évoqué pour la première fois ce projet d’exposition avec le directeur du musée, Sam Keller, il s’est fait cette réflexion : « Pourquoi ne pas inviter tout le monde à l’exposition ? Invitons la planète – les plantes ainsi que plusieurs espèces différentes ».
Bien qu’Olafur Eliasson affirme que « l’exposition n’a pas d’heures d’ouverture ni de fermeture », le musée n’est ouvert aux visiteurs « humains » qu’entre 9 heures et 21 heures, les billets étant horodatés (et la jauge limitée en raison des consignes sanitaires). Pour ceux qui ne peuvent pas visiter l’exposition, il existe un livestream utilisant des caméras équipées de différents filtres optiques qui « recréent des perspectives non humaines ».
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« Life », jusqu’en juillet, Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Riehen.