Après le report de son vernissage de février à mars, Desert X, désormais programmée du 12 mars au 26 mai, a dévoilé la liste des artistes sélectionnés pour la troisième édition de cette exposition d’art en plein air. Elle revient cette année dans la vallée de Coachella, en Californie, après s’être délocalisée en Arabie saoudite.
Treize artistes de huit pays – dont quatre sont basés à New York et un seul en Californie – verront leurs œuvres présentées dans ce qui pourrait être le premier grand événement artistique public de la région depuis les fermetures liées aux Covid-19 l’année dernière.
« La portée de cette édition est plus grande et la dimension plus importante », déclare Neville Wakefield, directeur artistique de Desert X, qui a coorganisé la manifestation de cette année avec César García-Alvarez. « Certes, géographiquement, l’événement est plus concentré et il y a moins d’artistes, mais en même temps, l’exposition représente une plus grande diversité de voix, avec des thèmes tels la justice sociale ou l’équité environnementale qui se retrouvent partout [dans cette édition] de manière significative et puissante », explique-t-il.
L’édition 2021 a aussi davantage impliqué la communauté locale dans son projet – une démarche susceptible de répondre aux critiques fréquentes selon lesquelles la biennale ne tient pas suffisamment compte de cette population locale. Par exemple, Women’s Qualities de Ghada Amer se veut un « projet social » dans lequel des groupes de femmes de la région ont soumis des mots associés à la condition féminine, tels que « résilient » et « fort ». Ces mots apparaîtront sur les jardinières qui constituent une sorte de jardin des mots déployé dans Sunnylands, l’ancienne propriété des philanthropes et collectionneurs d’art Walter et Leonore Annenberg.
DES THÈMES TELS LAJUSTICE SOCIALE OU L’ÉQUITÉ ENVIRONNEMENTALE SE RETROUVENT PARTOUT [DANS CETTE ÉDITION]
Oscar Murillo a conçu quant à lui un projet public encore plus direct. Les écoliers de la région reçoivent des kits de création artistique, comprenant des toiles. Leurs œuvres seront mises en ligne, et certaines d’entre elles seront exposées dans des vitrines de magasins.
Une seule artiste, Kim Stringfellow, est actuellement basée dans la région. Elle vit et travaille dans le parc national de Joshua Tree, en Californie. À partir de documentation, de photographies et d’écritures, Kim Stringfellow a longtemps accompli une œuvre qui explore l’histoire de l’implantation des hommes dans le désert du sud de la Californie, en particulier les « Jackrabbit Homesteads » résultant de concessions de terres offertes par le gouvernement fédéral dans le cadre du Small Tract Act. Pour Desert X, sa contribution consiste en la reconstitution d’une « Jackrabbit Homestead », remplie d’objets que l’on pourrait trouver dans un site vintage des années 1950. Mais comme la pandémie est toujours en cours, les visiteurs ne pourront admirer l’installation que depuis ses fenêtres et portes.
Pour une autre artiste, Judy Chicago, Desert X est l’occasion de revisiter un travail réalisé il y a un demi-siècle en Californie, où elle était étudiante en troisième cycle et fondatrice du mouvement artistique féministe. À partir de la fin des années 1960, elle a créé des sculptures en fumée en utilisant des machines à fumée, des torchères et des feux d’artifice dans des performances in situ appelées Atmosphères. Elle a abandonné cet ensemble de travaux dans les années 1970, et n’y est revenue qu’au cours de la dernière décennie. Comme les précédentes Atmosphères, sa nouvelle itération, Living Smoke: A Tribute to the Living Desert, est une critique du Land Art, dominé par les hommes, qui ont souvent creusé et retourné le paysage. Comme auparavant, nous précise-t-elle, cette œuvre mettra en évidence « la beauté de notre environnement et notre incroyable besoin de changer notre rapport à lui ».
POUR JUDY CHICAGO, DESERT X EST L’OCCASION DE REVISITER UN TRAVAIL RÉALISÉ IL Y A UN DEMI-SIÈCLE EN CALIFORNIE
Une performance aura lieu le 9 avril au Living Desert, un jardin botanique et zoo en plein air situé à Palm Desert, et sera diffusée en direct. En parallèle, des étudiants locaux travailleront sur des œuvres basées sur son projet féministe phare, The Dinner Party, fabriquant leurs propres assiettes célébrant les femmes, et sur ses sculptures de fumée, grâce à une application en ligne.
Desert X 2021 réunira aussi les œuvres de Zahrah Alghamdi, Felipe Baeza, Serge Attukwei Clottey, Nicholas Galanin, Alicja Kwade, Christopher Myers, Eduardo Sarabia, Xaviera Simmons et Vivian Suter. La visite est gratuite, et un plan sera disponible à partir du 12 mars sur le site Internet et l’application de Desert X 2021.