Dans la cathédrale de la ville d’Augsbourg, en Allemagne, une série de fresques représentant la vie et la mort de saint Jean-Baptiste ont été récemment datées de la première décennie du XIe siècle, ce qui les classe parmi les plus anciennes peintures murales réalisées dans une église au nord des Alpes.
Les fresques, situées en hauteur dans le transept sud de l’église, ont été recouvertes de peinture de chaux et ont ainsi été oubliées jusque dans les années 1930, lorsqu’elles ont été mises au jour. Mais ce n’est qu’au début des travaux de restauration de la charpente, en 2009, qu’il a été possible de prouver qu’elles remontaient à la construction de la cathédrale, il y a plus de 1 000 ans.
LES FRESQUES ONT PROBABLEMENT ÉTÉ PEINTES PEU APRÈS LA CONSTRUCTION DE L’ÉDIFICE
Des tests dendrochronologiques ont révélé que le bois présent dans la maçonnerie datait de l’an 1000, ce qui contredit la datation antérieure de la cathédrale aux alentours de 1065. La nouvelle datation « correspond à ce que nous savons d’une importante destruction survenue en 994 », déclare Birgit Neuhäuser, porte-parole des services nationaux de Bavière en charge de la protection du patrimoine. « Les fresques les plus anciennes sont celles juste au-dessus de la maçonnerie, et font donc partie du décor originel de l’église », explique Birgit Neuhäuser. « Nous pouvons supposer que dans le cas d’une église épiscopale importante, les fresques ont probablement été peintes peu après la construction de l’édifice, donc peu après l’an 1 000 de notre ère », ajoute-t-elle.
Sur le plan stylistique, les fresques se rapprochent beaucoup des peintures murales du Xe siècle de l’église Saint-Georges d’Oberzell sur l’île de Reichenau, sur le lac de Constance, près de la frontière germano-suisse. L’île doit en partie son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco à ces fresques. Outre les peintures de l’église de Reichenau, celles d’Augsbourg sont les plus importantes fresques de cette époque conservées dans les pays germanophones, déclare Mathias Pfeil, le chef du service national bavarois chargé de la protection du patrimoine. Ses services ont supervisé le travail de nettoyage des peintures murales par une équipe de restaurateurs, qui a également pris des mesures de conservation telles que la fixation du plâtre. Ces interventions ont été soigneusement photographiées et étudiées.
Bien qu’elles soient fortement décolorées et fragmentées, deux scènes et les restes d’une troisième ont pu être identifiés, dont la décapitation du saint et son enterrement, sur le mur ouest. Les fresques qui auraient représenté la naissance et le baptême de saint Jean-Baptiste sur le mur sud ont probablement été détruites au milieu du XIVe siècle, lorsqu’une fenêtre gothique a été percée, selon l’équipe de restauration.
APRÈS LE NETTOYAGE ET LA RESTAURATION, ELLES SONT DANS UN ÉTAT STABLE ET DURABLE
D’après Birgit Neuhäuser, étant donné la hauteur des fresques dans l’église, il n’est pas nécessaire de prendre des mesures de conservation supplémentaires à long terme. « Elles ne sont pas soumises à une pression particulière » du fait de l’humidité ou de la chaleur générée par la circulation des visiteurs, dit-elle. « Après le nettoyage et la restauration, elles sont dans un état stable et durable ».
L’équipe prévoit d’examiner la zone sous la charpente et le transept nord de l’église à la recherche d’autres vestiges de fresques. Ces travaux de recherche et de restauration sont financés par la Fondation Beate et Hans Peter Autenrieth, la Fondation Siegfried et Elfriede Denzel ainsi que par le diocèse d’Augsbourg.