Le MuMo fête ses dix ans. Comment ce concept de musée itinérant a-t-il évolué depuis sa création ?
Tout a commencé en 2010 avec un projet un peu utopique inspiré du concept du « bibliobus » : créer un container itinérant avec des œuvres créées in situ. L’architecte américain Adam Kalkin a conçu le premier MuMo, qui présentait des œuvres de James Turrell, Paul McCarthy, Daniel Buren ou Pierre Huyghe. L’idée, toujours d’actualité, était d’aller de ville en ville à la rencontre des enfants qui ne vont pas forcément au musée, en portant une mission pédagogique, éducative et sociale. Au-delà de la rencontre esthétique et artistique avec les œuvres, le MuMo a l’ambition de fédérer les publics les plus éloignés autour de l’art. Avec le succès et les demandes de plus en plus nombreuses, nous avons reçu le soutien du ministère de la Culture et de celui de l’Éducation pour lancer en 2016 un second camion, davantage aux normes, conçu par Matali Crasset, pour faire circuler les œuvres des Fonds régionaux d’art contemporain. Puis le Centre Pompidou nous a contacté en février 2020.
« L’IDÉE, TOUJOURS D’ACTUALITÉ, ÉTAIT D’ALLER DE VILLE EN VILLE À LA RENCONTRE DES ENFANTS »
Comment ce partenariat avec le Centre Pompidou s’est-il organisé ?
Le Centre Pompidou s’est intéressé à notre travail sur le territoire avec les acteurs locaux pour toucher ces publics plus éloignés. L’idée de travailler ensemble autour d’une première exposition d’œuvres prêtées par le musée national d’art moderne nous est vite apparue évidente. Notre tournée « Les animaux sortent de leur réserve » va démarrer à Massy [Essonne] dès que la situation sanitaire le permettra, avant de traverser l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne, l’Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine, des régions où nous n’étions pas beaucoup allés auparavant. C’est la première étape de ce partenariat, qui va se poursuivre avec la création d’un second camion aux couleurs du Centre Pompidou, conçu par l’agence Hérault Arnod Achitectures et l’artiste Krijn de Kooning. Ce nouveau MuMo fera circuler les œuvres du Centre Pompidou au rythme de deux expositions par an.
Quelles œuvres ont été choisies pour cette première exposition sur le thème du bestiaire ?
Le directeur du musée national d’art moderne, Bernard Blistène, a opté avec ses équipes pour cette thématique accessible pour le jeune public et qui permet d’échanger facilement autour de l’art. La sélection comprend vingt-cinq œuvres, aussi bien de la vidéo, de la photo, de la peinture que du dessin. Elle mêle des noms incontournables de l’art moderne, comme Marc Chagall, Sonia Delaunay ou Victor Vasarely, mais aussi du contemporain, avec des œuvres d’Anne-Marie Schneider, Fabien Mérelle, Bettina Rheims ou Françoise Pétrovitch. Nous avons prévu des dispositifs de médiation avec des fiches pédagogiques pour chaque œuvre, préparées avec le Centre Pompidou, mais aussi des ateliers d’arts plastiques. Dans ce contexte spécial, nous avons dû réfléchir aux meilleures conditions pour exposer les œuvres.
« CE NOUVEAU MUMO FERA CIRCULER LES ŒUVRES DU CENTRE POMPIDOU AU RYTHME DE DEUX EXPOSITIONS PAR AN »
Comment les activités du MuMo ont-elles été adaptées face à la crise sanitaire ?
Le confinement du printemps 2020 a finalement été très enrichissant, en nous forçant à nous remettre en question. L’activité du camion a été totalement arrêtée et nous avons dû penser à d’autres projets dans le cadre de l’été apprenant et culturel, en organisant des ateliers destinés aux jeunes animés par des artistes comme We Are The Painters, Nicolas Roggy, Benjamin Swaim, Antoine Aguilar ou encore Marie Lancelin… Nous espérons partir le plus vite possible sur les routes !