Le ministre espagnol de la Culture a fixé au 31 janvier la date limite pour négocier un accord visant à conserver la collection de Carmen Cervera à Madrid. Cet ensemble appartenant à la veuve du magnat industriel Hans Heinrich von Thyssen-Bornemisza, décédé en 2002, est conservé au musée national Thyssen-Bornemisza à Madrid.
L’accord qui avait conduit au prêt de cette prestigieuse collection, signé sous l’égide du gouvernement espagnol, est caduc depuis janvier 2017, sans qu’aucune nouvelle convention n’ait été adoptée depuis. Le ministre espagnol de la Culture et des Sports, José Manuel Rodríguez Uribes, a déclaré à l’agence de presse Efe qu’il souhaitait faire bouger les lignes. « Il faut voir combien l’État peut donner, a déclaré le ministre, car la situation actuelle n’est plus celle de 2019 [quand un accord était sur le point d’être trouvé], alors que nous subissons une pandémie ».
DEPUIS 2017, L’AVENIR DE CES 400 ŒUVRES EST INCERTAIN
Depuis 2017, l’avenir de ces 400 œuvres est incertain. Cette collection, d’une valeur d’au moins 750 millions d’euros, comprend des pièces de Monet, Sisley, Renoir, Degas, Gauguin, Rodin, Matisse et Picasso. La localisation d’une œuvre clé de Paul Gauguin, Mata Mua, qui fait partie des œuvres prêtées, n’est actuellement pas claire. Selon un article du quotidien El Pais paru en juin 2020, ce tableau de 1892 pourrait être actuellement en vente. Une porte-parole du musée national Thyssen-Bornemisza a déclaré à The Art Newspaper : « En ce qui concerne Mata Mua, je ne peux que confirmer que le tableau n’est pas actuellement présent au musée. »
La majorité des œuvres conservées au musée national Thyssen-Bornemisza, installé dans le palais de Villahermosa, proviennent de la collection personnelle d’Hans Heinrich von Thyssen-Bornemisza. En 1993, le gouvernement espagnol avait acquis pour 350 millions de dollars son fonds principal de 775 œuvres datant du XIIIe au XXe siècles. En 1999, la collection du baron a été complétée par des œuvres appartenant à la baronne Carmen Cervera, qui avait alors conclu avec l’État espagnol un contrat de prêt à long terme distinct, pour une durée de 11 ans. Lorsque ce dernier a expiré en 2010, elle a tenté en vain de vendre la collection au gouvernement espagnol. Le contrat de prêt a été prolongé d’année en année, jusqu’à ce qu’une ultime prolongation de six mois soit convenue en 2016, sans que ne soit trouvée une solution pérenne. La baronne Carmen Cervera avait déclaré à l’époque que « son souhait le plus profond [était] que la collection reste en Espagne ». Selon la convention, elle était autorisée à céder des œuvres dans la limite de 10% de la valeur totale de la collection. La vente en 2012 du tableau de John Constable The Lock (1824) chez Christie’s à Londres pour 22,4 millions de livres sterling, par exemple, représentait à l’époque moins de 5% de la valeur de la collection.
EN 1993, LE GOUVERNEMENT ESPAGNOL AVAIT ACQUIS POUR 350 MILLIONS DE DOLLARS 775 ŒUVRES DATANTDU XIIIE AU XXE SIÈCLES
La collection d’Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza couvre huit siècles de peinture européenne mais s’arrête dans les années 1980. Le ministre espagnol José Manuel Rodríguez Uribes a également demandé que le musée accueille davantage « d’œuvres du XXIe siècle ». Ces dernières années, des œuvres d’art contemporain ont été exposées au musée grâce à une initiative de Francesca Thyssen-Bornemisza, la fille du défunt baron, créatrice de la fondation Thyssen-Bornemisza Art Contemporary (TBA21).