Les confinements successifs n’ont pas empêché les musées de travailler portes fermées pour préparer leur programmation de 2021 et être prêts dès leurs réouvertures. Entre rétrospectives et expositions thématiques inédites, l’année 2021 s’annonce riche malgré les incertitudes de calendrier.
EN FRANCE :
CONTEMPLER LE « MONDE DU VIVANT » À ORSAY
Initialement prévue en novembre 2020 et stoppée nette par le deuxième confinement, l’exposition « Les Origines du monde » devrait ouvrir dès le feu vert du gouvernement. Derrière un titre clin d’œil à l’une de ses œuvres les plus célèbres de ses collections, le musée d’Orsay s’aventure du côté de la science et retrace les principales étapes des découvertes scientifiques et leurs correspondances dans la création artistique, au fil d’un parcours inédit préparé avec le muséum national d’histoire naturelle et le musée des beaux-arts de Montréal. En mars, le musée regardera vers la Suisse en réunissant les artistes Cuno Amiet, Giovanni Giacometti (père d’Alberto), Ferdinand Hodler ou encore Félix Vallotton, mettant en lumière une école suisse qui a émergé vers 1890.
« Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle », jusqu’au 2 mai, Musée d’Orsay, 75007 Paris.
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LA LUMIÈRE SELON CHAGALL À METZ
Reportée par le confinement depuis novembre et prolongée jusqu’au 26 avril, l’exposition « Chagall. Le passeur de lumière » commencera au Centre Pompidou-Metz dès la réouverture des lieux culturels. Le musée s’intéresse à un Chagall moins connu, créateur de vitraux pour plusieurs églises en France, dont la cathédrale Saint-Étienne de Metz. Conçu à l’occasion des 800 ans de l’édifice avec l’aide du musée national Marc Chagall de Nice, l’accrochage présente des maquettes de vitraux réalisés entre 1958 et 1984 pour des églises dans le monde entier, en correspondance avec des peintures, sculptures, céramiques et dessins de l’artiste d’origine russe.
« Chagall. Le passeur de lumière », jusqu’au 26 avril, Centre Pompidou-Metz, 57000 Metz.
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PICASSO VERSUS RODIN À PARIS
Le musée Picasso-Paris et le musée Rodin confrontent en 2021 leurs artistes visionnaires, dans deux expositions concomitantes. Peinture, sculpture, céramique, arts graphiques et photographie, assemblages, récupération de matériaux, monument public, intérêt pour le fragment, goût pour l’inachèvement…Plusieurs supports et procédés seront convoqués pour souligner les points communs entre ces deux géants de générations différentes, avec un accent mis sur l’espace de l’atelier au musée Picasso-Paris, et sur leurs innovations formelles au musée Rodin.
« Picasso-Rodin », jusqu’au 2 janvier 2022, musée Picasso-Paris et Musée Rodin, Paris.
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LES TRÉSORS DES MOROZOV À LA FONDATION LOUIS VUITTON
Après l’immense succès de la Collection Chtchoukine il y a quatre ans, la Fondation Louis Vuitton espère attirer autant de monde avec son exposition de la Collection Morozov, finalement fixée à février après plusieurs reports. Réunies par les amateurs d’art moscovites Mikhaïl et Ivan Morozov, ces œuvres sortent rarement du musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, et du musée des beaux-arts Pouchkine, à Moscou. Signées Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Renoir, Monet, Bonnard, Denis, Matisse, Derain ou encore Picasso, elles devraient faire sensation à Paris.
« La collection Morozov », du 24 février au 25 juillet, Fondation Louis Vuitton, 75116 Paris.
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LA GRÈCE À L’HONNEUR AU LOUVRE
Le musée du Louvre célèbre cette année le bicentenaire de l’indépendance grecque. Orchestrée par Jean-Luc Martinez, président de l’institution et spécialiste de la sculpture grecque antique, avec l’aide de la Pinacothèque d’Athènes, l’exposition « Paris-Athènes » retracera plus de deux siècles d’un philhellénisme à la française. Présentée dans le grand espace du hall Napoléon, elle ouvrira un cycle consacré à l’archéologie.
« Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne 1675-1919 », du 21 avril au 23 août, Musée du Louvre, 75001 Paris.
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LES AVENTURIÈRES DE L’ABSTRACTION AU CENTRE POMPIDOU
Sonia Delaunay, Sophie Taueber-Arp, Joan Mitchell, Lee Krasner, Lygia Clark, Geneviève Claisse, Pierrette Bloch, Vera Molnár, Maria Helena Vieira da Silva, Aurelie Nemours… Longtemps éclipsées par leurs contemporains masculins, une centaine d’artistes femmes seront réunies au Centre Pompidou pour proposer une relecture de l’histoire de l’art abstrait en plus de cinq cents œuvres datées des années 1860 aux années 1980.
« Elles font l’abstraction », du 5 mai au 23 août, Centre Pompidou, 75004 Paris.
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BOTTICELLI CHEF D’ATELIER AU MUSÉE JACQUEMART-ANDRÉ
Après un focus sur Paul Signac présenté de mars à juillet, le musée Jacquemart-André, à Paris, s’orientera vers la Renaissance de Botticelli. Envoyé très jeune en apprentissage chez un orfèvre puis à l’atelier de Fra Filippo Lippi, l’artiste a ouvert à son tour sa bottega en 1470, âgé seulement d’une vingtaine d’années… C’est l’angle choisi par le lieu parisien, qui envisage Botticelli non seulement comme un peintre et dessinateur novateur mais aussi comme un entrepreneur à la tête de l’un des ateliers les plus actifs de Florence.
« Botticelli, un laboratoire de la Renaissance», du 10 septembre au 24 janvier 2022, Musée Jacquemart-André, 75008 Paris.
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DANS LE MONDE :
LE RIJKSMUSEUM EXPLORE LE COLONIALISME DES PAYS-BAS
Le plus grand musée des Pays-Bas proposera à partir du 12 février une exposition sur le passé esclavagiste du pays. Attentif depuis 2015 à une recontextualisation des œuvres liées à la colonisation, le Rijksmuseum retracera 250 années d’histoire coloniale néerlandaise en abordant les réseaux de traite des esclaves à travers l’Atlantique et l’océan Indien. Dix personnalités – esclaves, propriétaires ou encore résistants au système – incarneront les thèmes abordés par l’accrochage.
« Slavery », du 12 février au 30 mai, Rijksmuseum, Amsterdam.
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DÜRER NOMADE À LA NATIONAL GALLERY À LONDRES
À Londres, la National Gallery ouvrira début mars une exposition inédite sur les voyages d’Albrecht Dürer, à l’occasion du 550e anniversaire de la naissance de l’artiste. L’accrochage réunira de petits croquis de plantes, d’animaux et de personnages rencontrés au gré de ses pérégrinations, des Pays-Bas à l’Italie, et de célèbres compositions parfois jamais montrées au Royaume-Uni comme Le Christ parmi les docteurs, prêté par le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid. Après Londres, l’exposition sera présentée en juillet dans une version plus réduite au Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle. En France, c’est à Chantilly que Dürer sera mis à l’honneur, avec une exposition qui réunira la collection de gravures et de dessins de l’artiste conservée au musée Condé et à la Bibliothèque nationale de France.
« Les Voyages de Dürer », du 6 mars au 13 juin, National Gallery, Londres.
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REDÉCOUVRIR VERMEER À DRESDE
Dix œuvres de Vermeer seront réunies à partir de juin à la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde, qui bénéficiera de prêts du Rijksmuseum d’Amsterdam ou de la National Gallery de Londres. Vedette de l’accrochage, la Liseuse à la fenêtre sera dévoilée après une restauration menée par le musée allemand qui a mis au jour un cupidon de la main du peintre. Les peintures de Vermeer seront entourées par une quarantaine d’œuvres d’artistes hollandais de la seconde moitié du XVIIe siècle, dont Pieter de Hooch, Gerard ter Borch ou Gabriel Metsu.
«Johannes Vermeer. On Reflection», du 4 juin au 12 septembre, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde.
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SOPHIE TAEUBER-ARP CÉLÉBRÉE À BÂLE
Longtemps sous-estimée bien que pionnière, Sophie Taeuber-Arp est enfin célébrée dans une rétrospective qui sera présentée fin mars au Kunstmuseum de Bâle, avant de s’envoler en juillet pour la Tate Modern à Londres puis en novembre pour le Museum of Modern Art de New York. L’exposition veut montrer comment l’artiste a pleinement participé à l’aventure de l’abstraction à travers quelque 400 œuvres, des premières commandes de design d’intérieur aux dessins abstraits réalisés peu de temps avant sa mort en 1943.
« Sophie Taeuber-Arp », du 20 mars au 20 juin, Kunstmuseum Basel.
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HOMMAGE EUROPÉEN À GEORGIA O’KEEFFE
Une autre artiste incontournable du XXe siècle sera mise à l’honneur dans une rétrospective itinérante en 2021. C’est Georgia O’Keeffe, dont près de 80 œuvres seront présentées au Museo Thyssen-Bornemisza à Madrid en avril, puis au Centre Pompidou à Paris en septembre, et enfin à la Fondation Beyeler à Riehen (Bâle) en janvier 2022. L’accrochage permettra d’offrir une perspective plus européenne à l’œuvre d’une artiste généralement mieux représentée aux États-Unis.
« Georgia O’Keeffe », du 20 avril au 8 août, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid.
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