Dans une semaine de la mode bouleversée par l’épidémie du Covid-19, un rendez-vous au moins reste certain : la réouverture demain du Palais Galliera, qui abrite le musée de la mode et du costume à Paris depuis 1977. Après deux années de chantier portes fermées et une rénovation de 8,1 millions d’euros financés par la Ville de Paris et la maison Chanel, l’événement était très attendu. À l’extérieur, les travaux ont notamment permis de rafraîchir 5000 mètres carrés de façades, lumineuses sous le ciel gris, et de consolider les 320 balustres fragilisés par les intempéries. Mais la grande nouveauté se trouve à l’intérieur: 700 mètres carrés de sous-sol aménagés en belles galeries voûtées en briques rouges et pierres de taille. Baptisées « Galeries Gabrielle Chanel », elles permettent au musée de disposer de 1200 mètres carrés d’espace d’exposition, soit deux fois plus qu’auparavant, pour présenter ses propres collections et organiser des manifestations temporaires plus ambitieuses.
LE PARCOURS RETRACE PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE DE CRÉATION
Pour la réouverture, c’est Chanel qui occupe la place. Intitulée « Gabrielle Chanel, manifeste de mode », la rétrospective a choisi le prisme du processus créatif pour rendre hommage à la grande couturière disparue en 1971. « Il n’y avait jamais eu de rétrospective consacrée à Gabrielle Chanel en France. Pour mettre en lumière cette figure majeure de la couture et de la mode, nous avons choisi de nous concentrer sur les spécificités de son travail sur le vêtement, ce qui n’avait jamais été complètement abordé », explique Véronique Belloir, conservatrice au Palais Galliera et commissaire de l’exposition avec Miren Arzalluz, directrice du musée. La vie aventureuse de Gabrielle Chanel n’est en effet presque pas évoquée dans ce parcours en dix chapitres, qui retrace sur deux étages plus d’un demi-siècle de création, de 1910 jusqu’à la fin des années 1960.
Un petit chapeau de paille tressée noire et une marinière en jersey de soie ivoire ouvrent une présentation de plus de 350 pièces, issues principalement des archives de la maison Chanel mais aussi quelques prêts du Victoria & Albert Museum de Londres, du De Young Museum de San Francisco, du Museo de la Moda de Santiago du Chili ou du MoMu d’Anvers. Des robes du soir d’un « luxe austère » à l’exubérance des bijoux fantaisie, en passant par la petite robe noire et la veste en tweed, les pièces exposées expriment les caractéristiques d’une nouvelle allure. « Dès ses débuts, Gabrielle Chanel a une vision de l’élégance féminine qui est radicalement différente des conceptions de son époque. Ses créations privilégient le confort, la simplicité et la volonté d’inscrire le vêtement dans la réalité, souligne Véronique Belloir. Elle portait d’ailleurs ses propres créations, des vêtements qui expriment ces notions de fluidité et de mouvement ». Au fil d’une scénographie dominée par le minimalisme et la couleur noire, les éternels beiges et les coupes sobres sont parfois ravivés par des notes de rouge vif et de bleu nuit, des motifs de fleurs, des broderies raffinées, des paillettes et des perles brodées. Quelques ornements pour jouer avec les lignes et les matières, toujours au service du mouvement.
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« Gabrielle Chanel, manifeste de mode », 1er octobre 2020 - 14 mars 2021, Palais Galliera, 10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75016 Paris.