La « méga-exposition » des Scuderie del Quirinale à Rome – 200 chefs-d’œuvre, dont plus de 100 peintures et dessins de Raphaël – constitue le point culminant des célébrations internationales marquant le 500e anniversaire de la mort du grand maître de la Renaissance (1483-1520).
La National Gallery de Londres promet, de son côté, d’organiser « l’une des plus grandes expositions de Raphaël de tous les temps » en octobre. L’exposition romaine est conçue conjointement par la Scuderie del Quirinale et la Galerie des Offices de Florence, dans ce que le directeur du musée, Eike Schmidt, décrit comme « une collaboration sans précédent ». L’institution florentine a prêté, à elle seule, pas moins de 40 œuvres de l’artiste pour aider à rassembler le plus grand nombre de Raphaël jamais vu en un même lieu. « Dès le début, l’idée principale qui nous a animés était de proposer un hommage à la hauteur de la qualité, de la variété, de la grâce et de la beauté inégalée de la pensée créative de Raphaël », ont déclaré les commissaires Marzia Faietti et Matteo Lafranconi.
Parmi les œuvres phares des Offices figurent certaines des Madones les plus appréciées de Raphaël, datant de sa période florentine : la douce et mélancolique Madone du grand-duc (vers 1505-1506) et La Dame voilée (vers 1512-1515), une beauté idéalisée. Parmi les autres œuvres majeures, citons la Sainte Cécile en extase (1518) de la Pinacothèque de Bologne, avec son extraordinaire nature morte avec instruments de musique au premier plan; l’harmonie superbe de la Madone d’Alba (1510) de la National Gallery of Art de Washington; la tardive Vierge à la rose (vers 1518-1520) du musée du Prado à Madrid, probablement achevée avec l’aide d’un assistant ; enfin, le Portrait de Baldassare Castiglione (vers 1514-1515), ainsi que le tout aussi tardif Autoportrait avec un ami (vers 1518-1520), tous deux prêtés par le musée du Louvre.
L’exposition se concentre naturellement sur la période romaine cruciale de Raphaël, qui l’a vu produire la célèbre suite des « Chambres » peintes au Vatican, en plus d’être architecte en chef de Saint-Pierre, parmi ses nombreuses réalisations romaines qu’il convient de découvrir in situ. La rétrospective se penche sur l’ensemble de sa – courte – carrière étonnamment fertile. « Vasari, dans sa Vie de Raphaël, l’a décrit comme un peintre et un architecte, mais il était tellement davantage, font remarquer les commissaires. C’était un collectionneur, un antiquaire, le [directeur des antiquités de Rome], et il a produit de nombreux dessins des monuments de la Rome antique. L’exposition vise à restaurer la profondeur de cette figure complexe en tant qu’artiste expérimental et multifacette ».
Selon eux, sans son expérience romaine, Raphaël « ne serait pas devenu la figure vénérée qui domina des siècles d’art occidental ». C’est pour cette raison qu’ils ont choisi d’inverser la chronologie de la scénographie, en commençant par Rome, où il est décédé à l’âge de 37 ans, puis en remontant son parcours jusqu’à Florence et en Ombrie. L’exposition s’ouvre en effet par un fac-similé grandeur nature du tombeau de Raphaël « construit avec des technologies de pointe et destiné à être installé, après l’exposition, dans sa ville natale d’Urbino ». Et pour chaque jour de l’année « Raphaël », une rose rouge sera posée sur sa tombe au Panthéon, qui porte l’inscription : « Ici repose Raphaël, par qui la nature elle-même craignait d’être surpassée de son vivant, et quand il est mort, a craint de mourir elle-même ».
« Raphaël », du 2 juin au 30 août 2020, Scuderie del Quirinale, Rome.