Alors que la crise du coronavirus a multiplié le nombre des sites de ventes sur Internet, Sotheby’s présente Gallery Network, une plateforme pour les galeries. Lancée le 28 avril, elle propose des Viewing rooms spécifiques pour chacun des partenaires de cette première galerie virtuelle initiée par la maison de ventes aux enchères. Parmi les premières enseignes présentes figurent les Américaines Gavin Brown’s Enterprise, Lehmann Maupin, Luhring Augustine, Kasmin, Petzel, Sperone Westwater, Van Doren Waxter et Jack Shainman.
Les utilisateurs ne sont pas redirigés vers les galeries pour effectuer leurs achats qui se font directement par l’intermédiaire de Sotheby’s. Tous les prix sont publiquement affichés et les achats d’œuvres d’une valeur allant jusqu’à 150 000 dollars peuvent directement être effectués en ligne, sur le modèle des achats par carte de crédit sur des sites comme Amazon. Les acheteurs ont la possibilité de « se renseigner » pour les œuvres dont la valeur dépasse 150 000 dollars.
« Sur le plan technique, Gallery Network se distingue par la technologie que nous avons développée pour les transactions », explique Saara Pritchard, spécialiste senior de l’art contemporain chez Sotheby’s. Selon elle, le principal avantage pour les galeries est de proposer des œuvres de leurs artistes aux clients de la maison de vente aux enchères. « Compte tenu des pièces que nous vendons, des œuvres d’art aux produits de luxe, il existe un potentiel important de promotions et de ventes croisées qui, à mon avis, est propre à notre maison », ajoute-t-elle.
Contrairement à Artsy, une autre plateforme de ventes en ligne qui a introduit la fonction « acquérir maintenant » l’année dernière, il n’y a pas de frais d’adhésion pour les galeries participantes. Cependant, Sotheby’s perçoit une commission fixe comprise dans les prix de ventes affichés en ligne. Parmi les œuvres déjà en ligne, figurent White Roses 7 (2012) d’Alex Katz, proposée par Gavin Brown pour 900 000 dollars ; une photographie de Robert Mapplethorpe prise en 1983 par Andy Warhol pour 22 000 dollars chez Kasmin ; ou encore un tableau d’Angel Otero, Window Seat (2019), pour 100 000 dollars chez Lehmann Maupin.
L’ACCENT DE LA PLATEFORME GALLERY NETWORK EST MIS SUR LE PREMIER MARCHÉ
« Le monde numérique a pris des dimensions très importantes de nos jours. C’était déjà vrai avant la crise sanitaire du Covid-19, mais nous le constatons de plus en plus maintenant, explique Rachel Lehmann, cofondatrice de la galerie basée entre autres à New York. L’une des forces de Sotheby’s est son engagement en termes d’intégrité curatoriale, même lorsqu’il s’agit du marché. Nous espérons qu’ils fourniront un contexte d’exposition riche à nos artistes lorsqu’ils présenteront des œuvres d’art en ligne. »
Bien que les maisons de ventes aux enchères soient généralement spécialisées dans le second marché, l’accent de la plateforme Gallery Network est mis sur le premier marché – chose que Sotheby’s a connue, au début d’une précédente crise économique, en proposant à l’encan en 2008 de nouvelles œuvres de Damien Hirst lors de la vente « Beautiful Inside My Head Forever ». Alors que le monde de l’art « continue de faire face et de s’adapter aux circonstances de la période que nous traversons, nous pensons que ce type de partenariat peut être un modèle fructueux non seulement à court terme, mais aussi devenir un projet collaboratif à long terme pour soutenir tous les niveaux du marché », conclut Saara Pritchard.