Glassbox, retour sur deux décennies de création contemporaine affiche deux ambitions : retracer l’histoire du collectif parisien et l’inscrire dans celle, plus large, des lieux indépendants en France et en Europe, au tournant du XXIe siècle. Créé en 1997 par une dizaine de jeunes diplômés de l’École nationale supérieure des beaux-arts – Michel Beziat, Laurence Delaquis, Stéphane Doré, Jan Kopp, Frédéric Beaumes, Sandie Tourle, Pierre Beloüin, Gemma Shedden et Stefan Nikolaev –, Glassbox est un laboratoire. Imaginé sur le modèle des artist-run spaces, tel qu’il est apparu en Grande-Bretagne notamment, c’est-à-dire des structures le plus souvent associatives et gérées par des artistes, en marge des centres d’art, des musées et des galeries, il est toujours actif grâce à une équipe qui se renouvelle sans cesse, au gré des rencontres.
L’effervescence du collectif est évoquée grâce à une multitude documents d’archives.
Dans le contexte d’une scène parisienne alors assez pauvre en espaces, publics ou privés, dédiés à l’art contemporain, les fondateurs de Glassbox ont eu à cœur de faire de l’endroit un lieu de transmission et d’expérimentation pour des plasticiens émergents. Dans l’ouvrage qu’ils publient aujourd’hui, l’effervescence du collectif est évoquée grâce à une multitude de documents d’archives (photographies, cartons d’invitation, communiqués et coupures de presse, plans, etc.), qui ressuscite quelque cent cinquante événements. Les graphistes de s.y.n.d.i.c.a.t se sont employés à les mettre en page à la manière d’un bloc-notes foisonnant, perforation des feuillets et absence de reliure incluses. Ces sections documentaires sont entrecoupées d’entretiens et d’articles de membres anciens et actuels de l’association, ainsi que de témoins tels que l’artiste Saâdane Afif, Nicolas Bourriaud, cofondateur du Palais de Tokyo (Paris), ou encore l’historien d’art et commissaire Hans Ulrich Obrist.
Se dessine une nébuleuse énergique et ouverte, soucieuse dès sa création de se rapprocher des institutions, à la faveur de subventions, mais aussi par le biais de collaborations, entre autres avec l’ARC (département Animation, recherche, confrontation du musée d’Art moderne de la Ville de Paris). La réflexion, élargie à d’autres lieux – DOC, La Maudite, Treize ou encore la Villa Belleville, pour ne citer que des espaces parisiens –, achève de signaler la vitalité de ce réseau « alternatif », sa volatilité et sa fragilité, aussi.