Né en 1977, Joël Andrianomearisoa développe depuis une vingtaine d’années une œuvre polyphonique qui mêle des supports variés : la couture, le design, la vidéo, la photographie, la scénographie, l’architecture… Pour ce nouveau défi, l’artiste s’est entouré d’une équipe d’amis proches, les commissaires Rina Ralay-Ranaivo et Emmanuel Daydé, la Revue noire et Kantoko pour ce qui concerne la production. Lancé par le ministère de la Culture de Madagascar, le projet est financé à 80 % par des mécènes malgaches.
En 1792, la monarchie Merina est devenue le Royaume de Madagascar, qui a réunifié la grande île de l’océan Indien jusqu’en 1897 et la colonisation par les Français. Dans une atmosphère à la fois mélancolique et joyeuse, le Pavillon malgache interroge l’oubli à partir d’une recherche de formes et de références nouvelles. Le vagabondage des corps traverse l’immatérialité des choses. Selon le taoïsme, c’est dans le vide et l’évanescence de la pensée que naissent les idées.
Touche-à-tout, Joël Andrianomearisoa distille sa poésie l’air de rien, cherche à saisir l’insaisissable.
« Songeant presque à sa terre lointaine, l’artiste décompose le palais d’Ilafy, première demeure royale sur la douzième colline sacrée d’Imerina, en séparant les lourdes planches de palissandre noires, pour les assembler en neuf ciels organiques, qui tombent en cascade obscure de sacs, de cordes et de cendres », précisent les commissaires.Architecte de formation, Joël Andrianomearisoa expérimente le sensible, le désir et les matières. Touche-à-tout, il distille sa poésie l’air de rien, cherche à saisir l’insaisissable. Il se positionne dans le registre de l’émotion, rien n’est écrit. Son œuvre est une invitation à « percevoir la narration sans la nommer ». Son installation immersive occupe l’ensemble de l’espace du pavillon dans un décor de papier noir et de rideaux évoquant des temples, un lieu où l’on s’égare dans la nuit. Des jeux de lumière et de bruits rythment des géographies nouvelles. Les espaces libres deviennent des lieux d’errance où le corps, le désir, le rêve se rejoignent. Avec cette exposition, Madagascar s’inscrit dans la modernité et entend prendre sa place au sein du monde contemporain. L’œuvre de Joël Andrianomearisoa représente avant tout un engagement politique qui a pour objectif de déconstruire les représentations communes.
« I Have Forgotten the Night », Pavillon de Madagascar, Arsenale