La ministre de la Culture reprend la main. À quelques jours de l’échéance du mandat de Muriel Mayette, nommée par décret le 9 septembre 2015, elle vient de la prévenir que sa reconduction à la tête de l’Académie de France à Rome n’allait pas de soi. Loin de là même, puisque la ministre a fait valoir à l’Élysée début août que la Villa Médicis était un sujet trop important pour esquiver une réflexion de fond.
Françoise Nyssen prend certes acte du rapport globalement positif rendu au mois de mai par les inspecteurs de ses services qui mettait notamment en avant « Les Jeudis de la Villa » et la restauration des jardins, mais elle n’ignore pourtant pas combien ce mandat a été entaché de polémiques. On se souvient bien sûr de la pétition publiée dans Le Monde en mars par un collectif d’anciens pensionnaires. Or, pendant ces trois années, les pensionnaires ont mené d’autres campagnes de sensibilisation, dont l’une pendant les premiers mois de 2016, toutes ces prises de position ayant été étouffées.
La ministre de la Culture a demandé au milieu de l’été à Béatrice Salmon, cheffe de service, directrice adjointe chargée des arts plastiques au sein de la direction générale de la création artistique au ministère de la Culture, et à ses équipes un état des lieux pour repenser et redéfinir les missions de l’Académie de France à Rome. Deux questions de fond : la Villa Médicis a-t-elle vocation à être de plus en plus une scène française à Rome ? ; le département d’histoire de l’art devrait-il devenir le « fer de lance de l’histoire des arts contemporains » comme le proposait la note de Muriel Mayette du 20 octobre 2017 (Note sur l’avenir de l’histoire de l’art au sein de l’Académie de France à Rome) contre laquelle s’étaient insurgés nombre d’universitaires ? Ceux-ci faisaient valoir la nécessité de recruter un chargé de mission en histoire de l’art capable de bien comprendre les questions liées à l’entretien et à la restauration d’un palais romain construit sur les plans de Bartolomeo Ammannati et décoré par Jacopo Zucchi, et où Balthus est intervenu. Le poste de chargé de mission est d’ailleurs vacant.
Dans les couloirs de la Rue de Valois, mercredi soir, le ton était donné : la fiche de poste de la future directrice ou du futur directeur ne sera rédigée que lorsque Béatrice Salmon aura rendu ses conclusions et à partir de là seulement un appel à candidature sera publié. Dans le même temps, un intérim sera assuré, pas nécessairement par Muriel Mayette d’ailleurs – en 2009 par exemple, la tâche avait été confiée à François Laurent, alors secrétaire général de l’Académie. Le recrutement « dans les règles », « transparent et ouvert », avec un comité d’audition, devrait éviter le choix de la cour et des courtisans. Un nom, choisi par l’Élysée, circulait déjà depuis la semaine dernière. Françoise Nyssen qui n’a pas fait les frais du remaniement de mardi, s’impose donc aujourd’hui.