À New York, le Metropolitan Museum of Art a tranché : Thérèse Rêvant (1938), une œuvre de Balthus représentant une fillette dans une pose érotique, restera dans sa collection permanente. Le tableau polémique montre le modèle et muse du peintre, Thérèse Blanchard, (qui avait douze ou treize ans à l’époque), affaissé sur un canapé, dans une position qui laisse entrevoir ses sous-vêtements. « L’engouement de l’artiste pour les jeunes filles prépubères est bien connu », signale Mia Merrill dans la pétition qu’elle a lancée sur le site Care2.com le 30 novembre dernier. À ce jour, celle-ci a récolté 8600 signatures.
« Dans un contexte où les allégations d’agressions sexuelles ne cessent de s’enchaîner, montrer une œuvre comme celle-ci au public sans aucune note explicative véhicule une image romantique de l’enfant-objet, que ce soit de manière volontaire ou non », poursuit Mia Merrill. Elle ajoute qu’elle ne souhaite pas, pour autant, que l’œuvre soit « censurée, détruite, ou cachée pour l’éternité » et propose de la retirer de la collection ou, le cas échéant, de l’accompagner d’une notice qui expliquerait la réputation controversée de Balthus. Elle a ensuite constaté que lors de l’exposition « Balthus: Cats and Girls—Paintings and Provocations » au Met en 2013, le musée avait prévenu que « les œuvres du peintre étaient susceptibles d’heurter la sensibilité de certains visiteurs ».
Le directeur de la communication du musée, Kenneth Weine, a déclaré au New York Times que des « situations comme celle-ci permettent justement de créer un dialogue autour de ces questions, les arts visuels [étant] l’un des meilleurs moyens de se tourner sur le passé et le présent et d’encourager l’évolution de la culture ».
Ce n’est pas la première fois que l’œuvre de Balthus est impliqué dans une controverse de ce type. En février 2014, à Essen, en Allemagne, le musée Folkwang annulait une exposition des clichés nus du modèle de l’artiste en raison de possibles « représailles légales ». Le directeur du musée, Tobia Bezzola, avait alors précisé à The Art Newspaper : « Nous n’aurions pas rencontré de problèmes légaux si nous avions voulu exposer des dessins ou des peintures ».