Depuis mars dernier, les artistes souhaitant participer au prix Turner n’ont plus à se soucier de leur âge. Revenant sur une mesure prise en 1991, le directeur et président du prestigieux prix Alex Farquharson arguait qu’un artiste pouvait « percer dans son travail » au-delà de ses 50 ans. Aussitôt décidé, aussitôt fait : Lubaina Himid, l’artiste lauréate de cette nouvelle édition, est âgée de 63 ans. Connue pour ses peintures, dessins ou installations traitant de la diaspora, la plasticienne s’est vue remettre le fameux prix doté de 25 000 livres (environ 28 500 euros) des mains du DJ et compositeur de musique électronique britannique Goldie. La cérémonie s’est tenue à Hull, nommée « cité britannique de la culture 2017 » de Grande-Bretagne.
Née à Zanzibar en Tanzanie en 1954, Lubaina Himid est la fille d’un professeur de comorien et d’une designer textile. Elle suit une formation en arts plastiques au Royal College of Art de Londres et rencontre son premier succès critique en 1986 avec son installation A Fashionable Marriage. Concourant aux côtés de trois autres finalistes, Hurvin Anderson, Andrea Büttner et Rosalind Nashashibi, Lubaina Himid a exprimé sa reconnaissance en affirmant accepter ce prix au nom des femmes noires « qui ne l’ont jamais remporté, même si elles ont été sélectionnées ». Interrogeant, entre autres, l’histoire coloniale et la traite des noirs, l’œuvre de la plasticienne a été saluée pour sa « vitalité » et sa « pertinence actuelle », expliquait le président du Turner Prize lors de la cérémonie. Triplement exposée à Oxford, Nottingham et Bristol, le nom de l’artiste s’ajoute donc à la longue liste des lauréats du prix inauguré en 1984, parmi lesquels figurent Richard Long, Damien Hirst, Anish Kapoor ou encore la Française résidant en Grande-Bretagne Laure Prouvost.