Le 16 octobre dernier, le performeur russe Piotr Pavlenski a mis le feu à l’entrée de la Banque de France. Réfugié politique en France depuis mai dernier, l’artiste doit maintenant faire face à la prison. Des détails sur la performance ont été dévoilés par MediaZona, un site web consacré aux droits des prisonniers, créé par les membres de Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina. Le site mentionne des tweets d’un photographe français datant du 15 octobre, qui montrent des images de Piotr Pavlenski devant le feu. Ceux-ci expliquent aussi qu’il a été arrêté par la police à 4h10 du matin, peu de temps après avoir provoqué l’incendie.
L’agence de photographie Divergence Image a publié une photo avec une déclaration de Piotr Pavlenski en légende, dans laquelle il dénonce « les banquiers [qui] ont pris la place des monarques » et fait appel à la « grande Révolution française ».
Piotr Pavlenski a fui la Russie avec sa femme et ses deux filles via l’Ukraine en janvier dernier. Lui et sa compagne, Oksana Shalygina, étaient tous les deux accusés d’agression sexuelle dans leur pays d’origine. C’est une actrice de théâtre, connue pour ses pièces politisées et contestataires, qui a porté plainte contre le couple, soutenant qu’ils l’avaient forcée à entretenir des rapports sexuels avec eux. Des propos que l’artiste et sa compagne réfutent, assurant qu’il s’agissait d’un acte consensuel.
De nombreuses figures du monde artistique moscovite ont longtemps soutenu l’artiste et milité pour sa liberté. Mais certains ont commencé à remettre en question leur position lorsque ce dernier s’est vu retirer le prix Václav Havel pour dissidence créative en 2016 après avoir déclaré qu’il offrirait la récompense de 42000 dollars au groupe Primorye Guerrillas, accusé du meurtre de policiers dans l’est de la Russie. Le scandale autour de la présumée agression sexuelle a également contribué à ce désenchantement de la part du public.
Le collectionneur russe Marat Guelman, installé au Montenegro, a écrit sur Facebook qu’il comprenait, à présent, pourquoi « il y a trois jours [Pavlenski] [lui avait] envoyé tous ses dossiers d’exposition [en lui disant d’en faire] des copies “au cas où”.
Pour sa part, Olga Romanova, activiste militante pour les droits de l’homme, a publié sur Facebook : « Tout finit si tristement. Et si rapidement. » Les réponses à son post sont diverses. Certains suggèrent que Piotr Pavlenski est fou, qu’il ne recherche que l’attention médiatique, et qu’il devrait, la prochaine fois, clouer ses testicules à la tour Eiffel. L’artiste performeur Oleg Kulik, quant à lui, considère, qu’il est encore trop tôt pour juger les actions de l’artiste.