À Paris, le vol des mosaïques du street artist français Invader a soulevé un vrai tollé du public. Près de quinze œuvres, dont l’esthétique pixélisée avait été créée grâce à de petites tuiles en céramique, ont été retirées des façades d’édifices de la capitale française pendant les dix derniers jours, selon le quotidien Libération. L’une était une mosaïque de Mona Lisa, située près du Musée du Louvre, et l’autre, une mosaïque d’un fantôme à l’Espace Cardin, qui est souvent utilisé comme espace d’exposition.
De nombreux Parisiens ont publié des photos des vols sur les réseaux sociaux. Sur une des photos, un homme juché sur une échelle retire une mosaïque, et son complice surveille le voisinage. Les hommes, portant tous deux des gilets jaunes, prétendaient être des employés de la Ville de Paris, avant de quitter les lieux dans un véhicule Mercedes avec le bien volé, d’après des témoins.
Cependant, les autorités locales ont démenti avoir recruté ces hommes pour retirer les œuvres. « Sur les photos, on peut voir qu’ils sont habillés normalement, dans des gilets jaunes qui peuvent être trouvés n’importe où, tandis que les employés de la Mairie portent un uniforme vert », a déclaré un porte-parole de la municipalité à Libération. Ajoutant :« Et, non, la Ville de Paris ne donne pas une Mercedes à ses employés. »
Si elles sont techniquement illégales, les œuvres d’Invader sont appréciées par beaucoup de Parisiens. Sur Twitter, de nombreux internautes ont demandé à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, et à la maire de Paris, Anne Hidalgo, de réagir. La semaine dernière, la Ville de Paris a porté plainte contre les voleurs pour « usurpation de fonction ».
« Il revient maintenant à la police de lancer une investigation », a déclaré un porte-parole de la Ville de Paris à The Art Newspaper.
De son côté, Invader a fait connaître sa propre réaction au vol de ses œuvres :« Je considère qu’en retirant des pièces qui ont été sur des bâtiments depuis dix ou douze ans, et qui ont été, par là même, acceptées par leurs propriétaires, qu’ils [les voleurs] sont en train de les voler », a expliqué l’artiste à Libération.« Ça me gâche tous les étés », a-t-il ajouté, faisant référence au fait que les vols se produisent surtout durant le mois d’août, quand les Parisiens sont en vacances.« Mais, finalement, les choses ont commencé à aller mieux, car ils [les voleurs] ont été surpris et photographiés en flagrant délit, alors je me sens moins seul ».
Né en 1969, Invader a commencé son projet de Street Art intitulé Space Invaders en 1998, s’inspirant du célèbre jeu vidéo japonais. Pendant les deux dernières décennies, il a créé 3511 œuvres réparties dans 74 villes, dont Londres, New York, Marrakech et Tokyo.
Selon l’artiste, ce sont souvent ses pièces les plus anciennes qui sont « attaquées » car elles sont moins résistantes : « Ils [les voleurs] savent ce qu’ils font et sont en train de devenir professionnels. » De nombreuses personnes croient que les œuvres sont volées sur commande. « Aujourd’hui, j’utilise une colle plus puissante et des mosaïques plus fragiles pour qu’elles cassent si on essaye de les retirer.»
Invader crée aussi des œuvres pour des galeries. À l’instar du Street Artist britannique Bansky, il a vu les prix de ses œuvres s’envoler dans les ventes aux enchères. Sa meilleure vente à ce jour est un visage rouge et blanc datant de 2014, fait à partir de de tuiles en céramique posées sur un panneau de verre en deux parties, qui a été acquise à 1,2 – 1,8 millions dollars de Hong Kong.